Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Oskar éditeur ( 2022 )
130 pages
Note :
Clément a du mal à suivre à l’école. Alors que ses copains s’apprêtent à passer en 6e, il va être orienté en classe SEGPA, « accueillant des élèves qui présentent des difficultés d’apprentissage graves et durables ». Clément ne comprend pas : ce n’est pas possible qu’il soit si bête, alors qu’il joue tous les dimanches dans l’orchestre de son père : le saxophone, ce n’est pas à la portée du premier cancre venu. Les Segpa mélangent des élèves en difficulté et des élèves dit normaux. Mais qu’est-ce que ça veut dire, être normal ? Faire des blagues débiles sur les « gogols » du collège d’à côté ? Dans cet établissement pas comme les autres, Clément va apprendre que tout élève a le droit d’envisager l’avenir avec confiance, pour peu qu’on lui donne la chance d’apprendre à son rythme. SEGPA : Section d’éléphants dans un magasin de porcelaine ? Ou, tout simplement, l’école de la République comme elle devrait être ?
C’est le premier roman que je lis qui met clairement en scène un élève entrant en classe SEGPA et rien que pour ça, merci Sophie Bénastre ! Souvent associée à une image négative et peu flatteuse, l’autrice va au fil de Toute la vie pour réussir casser tous les clichés que les enfants comme les adultes ont parfois tendance à avoir.
L’histoire commence à la fin du CM2. Clément est reçu avec ses parents par sa maîtresse qui suggère, au vue des difficultés scolaires du garçon, une orientation en classe SEGPA. Sophie Bénastre va ensuite dérouler une histoire pleine de bienveillance, qui véhicule un vision positive de la SEGPA. Ainsi, si Clément n’est au départ pas du tout ravi de ne pas aller dans le même collège que ses amis de toujours et d’être dans une classe qu’on surnomme « la classe des gogols », il va peut à peut découvrir à quel point cette orientation est bénéfique pour lui. Au fil des chapitres, on le voit alors prendre confiance en lui, renouer avec les apprentissages, trouver sa place.
J’ai trouvé que l’idée de valoriser les classes SEGPA, les élèves qui les composent ainsi que le travail des équipes pédagogiques, était très intéressante et à même de changer le regard des jeunes lecteurs sur cette voie. Sans masquer les difficultés scolaires et/ou psychologiques de ces ados, Sophie Bénastre insiste plutôt sur ce qui valorise Clément et ses deux copains Alex et Iliès. C’est exactement ça qu’il faut retenir ! J’ai aussi aimé l’hommage rendu aux enseignants qui travaillent avec patience, imagination et originalité pour ces élèves, incarné à travers le personnage de Monsieur Kolie.
Au-delà de l’histoire en elle-même, Sophie Bénastre a aussi porté un grand intérêt à la composition du récit. Ainsi les chapitres sont courts et elle résumé toujours celui qui a précédé avant de poursuivre l’histoire. Cela rend le livre très accessible et en particulier aux « petits lecteurs ». Même si la lecture est morcelée, on peut ainsi facilement se remémorer ce qui a été lu précédemment. C’est une bonne idée !
J’aurais cependant aimé que Sophie Bénastre approfondisse davantage certaines thématiques du roman qui ne sont qu’abordées que succinctement : la honte/culpabilité des parents de Clément, les moqueries des anciens copains de Clément, le contenu des cours, la pédagogie des enseignants, les rapports entre les élèves de SEGPA et les classes « ordinaires »… etc. Le texte les évoque mais cela reste un peu rapide et parfois trop optimiste.