Age : 15 ans et +
Éditeur : Rageot
250 pages
Note :
Une famille dans une maison à quelques mètres de la plage. Des vacances joyeuses et insouciantes… jusqu’à l’arrivée de Kit Godden. Ce garçon, c’est le parfait amour d’été : il est beau, drôle, magnétique. Mais ceux qui s’approchent du lumineux Kit Godden sont condamnés à s’y brûler les ailes. Et tous ou presque, dans cette famille, seront irrésistiblement charmés.
Dés la lecture du résumé on comprend que Tempête d’une nuit d’été parle des ravages de l’irruption d’une personnalité toxique dans une famille.
Au départ, il y a donc cette famille de quatre enfants qui, chaque année depuis toujours, se rend dans leur maison d’été familiale et retrouve Hope, une cousine, et son compagnon Mal. Un mariage est en préparation, l’heure est à la fête mais alors que bonheur, insouciance, moments familiaux sont au programme, l’équilibre va être fragilisé lorsque Florence, une célèbre actrice et marraine de Hope dépose ses deux fils chez cette dernière. Autant le cadet, Hugo, est un garçon fuyant, réservé et discret, autant Kit, l’ainé, attire tout de suite les regards sur lui et exerce une sorte de fascination dans son entourage. C’est là toute la « dangerosité » de la personnalité de ce garçon qui va créer un séisme insidieux dans la famille et faire voler en éclat cet été.
Tempête d’une nuit d’été raconte donc comment Kit Godden va peu à peu imposer une présence malsaine autour de lui et jouer de son charme, en particulier avec l’ainée des filles, Mattie. La narration est un peu particulière car si on comprend que la narratrice est une fille de la famille, on ne sera jamais qui elle est exactement étant complétement effacée et observant les choses de loin. Les autres semblent d’ailleurs ne pas vraiment lui prêter d’attention particulière. C’est assez perturbant au moment de la lecture d’autant plus qu’on sent qu’elle sera aussi très attirée par le charme fascinant Kit sans que cela n’aille non plus très loin. En réalité, c’est surtout la relation toxique entre Mattie et Kit qui est dépeinte puis le chaos qu’il provoquera, tandis que l’été défile avec ses moments insouciants et empreints de nostalgie (qui trouveront au demeurant un peu d’écho en chacun de nous). La fin se voudra comme une analyse de chaque caractère, attitude et situations de cet été là.
Tempête d’une nuit d’été a un sujet intéressant mais à mon sens il ne va pas assez en profondeur. J’ai eu l’impression d’effleurer sans cesse le thème, percevant bien le malaise qui s’installait dans la famille, mais ne mettant jamais complètement le doigt dessus. La narration n’aide pas non plus à s’attacher à « l’héroïne » et à la famille plus généralement. L’écriture est très détachée. De même beaucoup de personnages ne sont pas creusés dans leur personnalité ( la narratrice bien sûr, mais aussi Hugo, par exemple, dont le point de vue aurait été intéressant puisqu’il côtoie en permanence Kit).
Quant au personnage de Kit, il est intriguant mais là encore Meg Rosoff ne l’exploite pas dans tout son potentiel et on devine assez vite comment l’histoire de cette famille finira par exploser. De même on sent bien qu’il est responsable du trouble général mais on ne creuse pas assez ses actions, ses attitudes étant très suggestives ( caractéristique du personnage toxique mais quand même). Le roman semble tout du long en suspension. Un effet sûrement volontaire mais déroutant qui ne m’a qu’à moitié convaincue.
Malgré tout je trouve que Meg Rosoff restitue bien la langueur de cet été si particulier, où entre les lignes, derrière les silences de la narration, on sent toute une tension dramatique qui se joue. Ainsi Tempête d’une nuit d’été offre un ton doux-amer qui déroute et intrigue, nous laisse sur une drôle d’impression et une curieuse sensation. C’est très bien écrit ( traduit !) mais le roman ne m’a pas autant touchée qu’escompté !