Sentiment 26 de Gemma Malley

Age : 15 ans et +
Éditeur :  Michel Lafon ( 2012 )
320 pages

Note : 5 out of 5 stars

Evie, 16 ans habite dans la Cité, un endroit protégé du monde extérieur, devenu dangereux depuis les Horreurs. Cependant la règle est stricte : il ne faut pas laisser le mal entrer en soi, au risque de passer au fur et à mesure d’une classe à une autre, et d’atteindre la fatidique classe E…Mais, Evie est tombée amoureuse de Raffy, hors l’amour est très encadré et elle ne peut le vivre avec lui…Son existence va rapidement prendre un nouveau tournant lorsque Raffy se retrouve menacé pour son attitude…

De Gemma Malley on connaissait la fascinante trilogie La Déclaration et ses suites. Avec Sentiment 26, en un seul et unique roman, elle propose une dystopie intriguant et captivante qui vous plonge dés les premiers chapitres au coeur d’une ville bien austère où chaque sentiment est encadré, maîtrisé et sans excès…
La Cité, fondée par celui que l’on nomme le Guide Suprême et dirigée par le Frère, est un monde clos dont on ne sort pas, où l’on vit comme un fantôme et où chaque journée équivaut à la précédente, sauf le samedi, jour de « fête » et de rassemblement. Très inquiétant, très pesant, un peu terrifiant, pour rien au monde nous n’envisagerions de passer ne serait-ce qu’une semaine dans cet endroit mortellement ennuyeux.
Pas de riches, pas de pauvres mais des classes tout de même, en fonction de sa capacité à maîtriser ses émotions, à l’image du futur fiancé d’Evie, Lucas, au masque glacial où aucun sentiment ne transparait et qui arbore fièrement le ruban de la classe A…les autres classes, B, C et D sont à la mesure de ce que vous êtes et malheur à celui qui deviendrait E…
Au cours de la lecture de Sentiment 26, Gemma Malley va donc prendre un soin particulier à vous présenter cet univers autonome et à l’écart de tout. Au travers du personnage d’Evie nous allons connaître tous les aspects les plus inquiétants et les plus déprimants de ce monde et être confronté à sa rébellion progressive. Evie ne se sent pas bien dans la Cité, et on comprend très vite pourquoi. Elle aime quelqu’un qu’elle ne devrait pas aimer, fait des rêves et surtout est beaucoup trop expressive. Une véritable menace pour le Frère et une catastrophe pour sa mère qui a tout sauf un instinct maternel envers elle.
A bien y regarder Sentiment 26 ne sera pas sans vous évoquer la trilogie de Lauren Oliver, Delirium, basée elle aussi sur une société qui considère l’amour comme une maladie dangereuse et que l’héroïne est contrainte de fuir pour vivre cette histoire. On ne niera pas que Gemma Malley a volontairement ou non surfé sur le même créneau mais elle réussit à proposer avec Sentiment 26 un roman différent sur biens d’autres aspects.
D’abord, Sentiment 26 est un roman autonome et à l’heure où les trilogies se multiplient comme des petits pains, faisant attendre le lecteur des mois pour connaître le fin mot de l’histoire, il est plaisant de pouvoir lire une histoire qui se commence et s’achève en un peu plus de 300 pages. Ensuite, cela permet à Gemma Malley d’avoir un rythme soutenu et une histoire qui progresse sans temps mort avec une cadence bien huilée : 2/3 sur Evie, Raffy, leur amour et la Cité et le dernier tiers sur leur périple vers la révolte au côté d’autres révoltés…
Enfin, autre différence avec Délirium, l’histoire même de la Cité, de ses règles et de sa vie. Sous bien des aspects, le monde de la Cité est encore plus lugubre et contrôlé que celui de Délirium.
Cependant on notera que comme dans Délirium, dans Sentiment 26, les individus subissent une petite intervention dite « le nouveau baptême », pour se faire retirer la partie qui serait impliquée dans l’origine du mal et des émotions trop fortes (violence comme amour).
Concluons rapidement en disant que Sentiment 26 de Gemma Malley est à mon sens un roman autonome et captivant qui nous plonge dans une dystopie intriguante et où l’amour, à la Roméo et Juliette, est revu dans une société où ce sentiment est (trop) bien encadré.

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