Le Royaume des cercueils suspendus de Florence Aubry

Age : 12 – 15 ans
Éditeur :  Le Rouergue : Epik (2014)
160 pages

Note : 3 out of 5 stars

Ils étaient quatre amis d’enfance. Les garçons, Xiong et Huang, étaient liés mieux que des frères. Les filles, Lou-Ki et Leï, étaient aussi inséparables. Puis leurs corps d’enfants sont devenus des corps d’adolescents, leurs coeurs aussi ont grandi, se sont gonflés de sentiments nouveaux : l’amour et surtout la jalousie…
C’est alors qu’a eu lieu la Cérémonie, durant laquelle les jeunes Bââs accèdent au don merveilleux qui les rend invincibles. Ce jour-là, l’un d’entre eux a été démasqué, il ne faisait pas partie des leurs. La punition devait être exemplaire…

Le Royaume des cercueils suspendus est le deuxième roman publié par les éditions du Rouergue dans la collection Epik. Portée par une écriture soignée et minimaliste, ce roman de Florence Aubry rappelle dans sa forme les contes chinois et les mythes des peuples antiques.

Le Royaume des cercueils suspendus nous transporte ainsi dans un « autre monde », celui du peuple Bââs où les hommes naissent avec des ailes cachées dans le dos et qui ne se révèleront qu’après une cérémonie. Un texte qui empreinte beaucoup aux croyances du monde entier et dépeint une société qui attache beaucoup d’importance au culte, à l’harmonie avec le monde, au respect des traditions et des Dieux.

L’histoire racontée par Florence Aubry se déploie comme une légende que l’on raconte aux enfants. Dans ce récit, Huang est condamné à mourir sur la Falaise car le peuple Bââs vient de découvrir qu’il n’est pas un des leurs. Dans le même temps, son père est à sa recherche tandis que plus bas, Leï, son amoureuse le pleure de tout son corps, de toute son âme. Une situation qui désespère Xiong, amoureux de la jeune fille mais qui sait qu’il n’arrivera jamais à la séduire. Il ne reste que Lou-Ki, amoureuse elle de Xiong pour compléter cette histoire à multiples voix où amour et jalousie sont exacerbés.
Un roman qui se lit donc comme un conte et qui aborde de façon originale la thématique du passage de l’adolescence à l’âge adulte ( découverte de l’amour, identité, affirmation de soi…)

Le Royaume des cercueils suspendus est un récit déroutant, notamment parce que Florence Aubry insiste beaucoup sur les croyances qu’elle met en scène dans son histoire et a choisi une écriture plus descriptive qu’active. Un style que l’on pourra qualifier de poétique et qui invite le lecteur à la contemplation, la sérénité. Cette écriture est pour moi la qualité majeure de ce roman. Toujours juste et précise, elle nous transporte dans une atmosphère pure.
Le roman reste ainsi dans une construction très sobre et parfois un peu trop lisse. Le Royaume des cercueils suspendus manque peut-être de dynamisme et d’action, par une préférence donnée à la description des décors, des cultes, des motivations de chacun des personnages et de l’environnement.
Si on ne peut pas dire qu’il ne se passe rien, l’écriture singulière surprend et atténue pour beaucoup le rythme de l’histoire. De fait, Florence Aubry propose plus un récit tourné vers la psychologie et les sens, qu’un roman de Fantasy au rythme soutenu.

On sera un peu désappointé par la fin, qui arrive peut-être de façon trop précipitée et manque d’explications. On aurait aimé connaître le devenir du père de Huang, mais aussi de Xiong et Lou-Ki. On s’étonnera aussi de ne pas trouver des réponses sur l’apparition du paon et du cheval dans le parcours de Huang et de son père, car cela reste très obscur. Un choix qui va peut-être de pair avec la thématique du conte, mais qui laissera le lecteur sur sa fin.

En quelques mots :

Inspiré par les contes et la mythologie de la Chine Antique, Le Royaume des cercueils suspendus de Florence Aubry est un texte aussi singulier que poétique, invitant le lecteur à la contemplation. Portée par une écriture minimaliste et soignée, le roman met en scène le passage chaotique à l’âge adulte de quatre adolescents liés auparavant comme des frères et soeurs, et rendus jaloux par amour.
Une histoire à multiples voix qui se construit surtout sur le mode de la description ( des décors, des motivations de chaque personnages, des croyances), au détriment parfois de l’action, qui semble très diffuse dans ce récit.
Le Fantasy apporte une touche particulière à l’ambiance de cette histoire « merveilleuse ». Une lecture agréable mais peut-être un peu trop courte, qui se conclut de façon abrupte.

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