Rois de cendres de Kayla Ancrum

Age : 15 ans et +

Éditeur : Milan (2019)

320 pages

Note : 4 out of 5 stars

August et Jack sont amis depuis l’enfance. Négligés par leurs parents, ils ont appris à compter l’un sur l’autre. Lorsque Jack commence à avoir d’étranges visions d’un monde parallèle, August se laisse embarquer dans cet univers, persuadé que c’est le seul remède à la folie de Jack…

Rois de cendres est d’abord une très belle histoire d’amitié entre deux garçons : Jack et August. Les parents du premier sont très ( trop ) souvent absents à cause de leur travail, la mère du second est plongée dans une profonde dépression qui la rend incapable de s’occuper de son fils. De fait, Jack et August ont appris à se soutenir et s’entraider mutuellement. Leur relation est forte, intense et explique pourquoi l’histoire va évoluer de la manière dont Kayla Ancrum la met en scène, sans que cela ne surprenne le lecteur. En effet, la complicité et la relation entre Jack et August est aussi belle que terrifiante. Le point de bascule ? la folie de Jack qui se déclare sans crier gare. Un jour, le lycéen commence à voir des êtres qui n’existent pas, un univers parallèle avec sa propre histoire dont August et Jack sont les héros. Folie, bien sûr, mais August aime tellement Jack qu’il réagit de la seule manière qu’il connaisse : en plongeant avec lui.

Ecrit à la troisième personne, Rois de cendres se focalise néanmoins sur le point de vue d’August qui voit son meilleur ami sombrer. C’est donc à travers lui qu’on suit l’évolution psychologique de Jack, tout en découvrant le lien qui les unis et leurs histoires personnelle respectives. J’ai bien aimé l’écriture de Kayla Acrun. L’histoire n’est pas particulièrement dynamique ou riche en péripéties, mais l’écriture est très resserrée et efficace. On a envie de savoir comment Jack va évoluer et comment August va réagir face à l’évolution de la maladie de son ami.

Dans Rois de cendres, il y a aussi tout une réflexion sur la construction du récit et de l’objet livre. D’une part, le roman se découpe en de très courts chapitres (la plupart ne font qu’une page) ce qui amplifie cet aspect resserré de la narration, de l’écriture. D’autre part, les pages s’assombrissent petit à petit, alors que la folie de Jack augmente et contamine aussi, par ricochet, l’esprit d’August. A la fin, il n’y aura plus que des pages à fond noire.

En conclusion, Rois de cendres fut aussi bien une lecture intéressante qu’éprouvante. Elle est une plongée dans la folie d’un jeune homme mais une histoire d’amitié aux frontières poreuses, jamais loin de l’histoire d’amour. Intriguante et fascinante, c’est une lecture qu’on ne conseillera qu’à partir du lycée, pour un public mûr et prêt à se confronter à des romans où l’on aborde de front des problèmes psychologiques. Un texte qui m’évoque un autre roman Le Goût amer de l’abîme de Neal Shusterman.

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