Age : 15 ans et +
Éditeur : Thierry Magnier (2011)
260 pages
Note :
Un coin perdu au bord d’un lac quasiment abandonné. C’est l’été, il ne se passe pas grand chose pour Alice, condamnée à faire la lecture au « pauvre fou » Linlin et à épier par ses jumelles sa voisine provocatrice, Laura, 13 ans. Mais le 12 juillet, celle-ci disparaît et Linlin semble le seul témoin du drame dont on l’accuse presque immédiatement. Mais Nour, nouvelle recrue de la gendarmerie et Alice n’y croient pas…et si ce drame avait un rapport avec celui survenu dix ans auparavant, loin de là, en Bretagne ?
Rien qu’un jour de plus dans la vie d’un pauvre fou, de Jean-Paul Nozière, commence sur le drame du 12 juillet 2000 où une petite fille, Elise, est enlevée suite à une inattention de son frère de 17 ans, séduite par une jeune femme. Puis après ce prologue terrible où le lecteur assiste impuissant à la scène de l’enlèvement, Jean-Paul Nozière nous emmène dix ans plus tard, à des kilomètres de là. C’est le début des vacances d’été et Alice s’ennuie dans son village perdu, près de Sponge.
Lorsque le drame survient, l’enlèvement de Laura, elle n’en revient pas mais lorsqu’on accuse Linlin, ce « pauvre fou » pour lequel elle éprouve beaucoup de sympathie, tintée de compassion, elle est ulcérée. Elle n’y croit pas à ce coupable idéal qui certes aimait regarder les filles et en particulier Laura, mais qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Nour, un gendarme auxiliaire n’y croit pas non plus. Au fil des jours, l’enquête s’enlise, la tension est palpable et le drame devient le centre de toute l’attention.
Pour le lecteur, cette lecture est assez éprouvante. En effet dans Rien qu’un jour de plus dans la vie d’un pauvre fou, Jean-Paul Nozière a fait le choix d’un roman choral où les voix s’alternent pour évoquer le drame qui concentre toute l’attention : Alice, les gendarmes, Nour, Linlin et Freddy, le vrai nom du kidnappeur se passent le relai.
La personnalité de Freddy est complexe et torturée, à partir de la moitié du roman une partie de son identité nous est connu, ce qui ne peut que glacer le sang. Le vrai fou c’est lui finalement, cette homme blessé à l’intérieur de lui-même, qui ne veut aucun mal à Laura mais qui s’est égaré. Le dévoilement complet sur son identité ne pourra qu’en surprendre plus d’un.
Dans la seconde moitié du roman, l’histoire s’accélère et se ressert, Jean-Paul Nozière réussit à donner un style propre à chacune des personnalités qu’il explore et nous livre un roman policier d’une grande qualité pour la jeunesse. La toute dernière page est la plus glaçante et la plus inattendue, levant le voile sur l’enjeu du roman.
Rien qu’un jour de plus dans la vie d’un pauvre fou est, au final, une histoire qui a un fond banal mais dont les raisons de l’enlèvement sont très complexes. Une histoire à la fois banale mais en même temps singulière, qu’on lit d’une traite.