Age : 15 ans et +
Editeur : Panama ( 2007 )
140 pages
Note :
Depuis le jour où Pierre Anthon a quitté la classe en déclarant que la vie n’avait aucun sens parce que « tout commence pour finir », les autres élèves se posent des questions. Et parce que Pierre ne cesse de vouloir leur démontrer que rien n’a de sens, Agnès ( la narratrice) et ses camarades décident de lui prouver le contraire. Ainsi naît le « Mont de Signification » où chacun est chargé de déposer quelque chose qui justement à un sens ! Tout y passe : les jolies sandales vertes, le drapeau danois, le cercueil du petit frère, la virginité de Sofie,…tous font un sacrifice mais à ce jeu là, la surenchère coûte chère et peut mener à l’irréparable…
A la fermeture de Rien il y a la stupeur : l’histoire est là, improbable mais tellement réaliste. Bouleversante. Éprouvante.
Éprouvant, oui c’est le mot. Un texte bref, court mais impitoyable avec le lecteur. Surprenant et fort, Rien nous emmène dans un récit prenant et stupéfiant.
Le propos est grave mais Janne Teller le traite avec humour, détachement et légèreté : c’est peut-être de là qu’émane la force de ce livre. De ce détachement de l’auteur qui ne peut que surprendre le lecteur et l’amener à réfléchir sur ce qu’il est en train de lire, sur ce qui se passe et dont Janne Teller parle comme si cela se passait tous les jours…
Rien, ne dit pas rien…bien au contraire. Il prend le lecteur par la main et le conduit dans une histoire totalement surréaliste, à la rencontre de personnages et héros d’une grande justesse mais aussi un peu fous.
Roman philosophique à sa manière, Rien pose une véritable question sur le sens de la vie et aborde par la même occasion l’adolescence et les dérapages de notre société : une des scènes les plus frappante c’est lorsque le « Mont de Signification » malgré les horreurs qu’il contient est déclaré oeuvre d’art…
Une phrase toute particulière demeure, elle est prononcée par Pierre Anthon, l’élément déclencheur de tout le récit et dont on sait finalement peu de chose si ce n’est sa pensée : « Si ce tas d’ordures a jamais signifié quelque chose, il n’a plus rien signifié le jour où vous avez reçu de l’argent« .
Au fond, cette phrase est la phrase clé de tout le roman. Elle est le signe d’un passage qui conduit les adolescents du roman à la prise de conscience de leur acte et à la remise en cause de ce qu’ils ont fait. Agnès conclura sa narration par « Et je sais qu’on ne plaisante pas avec la signification » prouvant qu’elle a compris l’horreur de cette histoire.
Rien de Janne Teller est un livre qui marque l’esprit durablement, qui mérite d’être lu et relu plusieurs fois pour percevoir les nombreuses réflexions qu’il propose et qui sont toutes intéressantes. Chapeau bas à Janne Teller pour le thème de son histoire et pour son style d’écriture. Les deux sont REMARQUABLES !