Age : 15 ans et +
Éditeur : Actes Sud Junior (2020)
60 pages
Note :
C’était il y a dix-sept ans. La narratrice se souvient de ses années de lycée et d’une certaine Suzy, une fille paumée à qui on avait fait croire qu’un garçon de la classe était amoureux d’elle….
La force de la collection d’Une seule voix, c’est de conjuguer mots percutants et récit court. Une intensité qui fait rejaillir l’émotion brute de la voix qui s’exprime. Le texte se lit d’une traite, comme un long monologue, qui nous plonge en quelques pages au plus profond de l’intime. Dans Quand les trains passent, Malin Lindroth donne la parole à une jeune femme de 32 ans qui se souvient comment une jeune fille de son lycée, Suzy, est devenue la risée de tous. Cette ado à qui ont a fait croire qu’un garçon l’aimait. La narratrice raconte les défis d’abord idiots détournés peu à peu en canular sordide…
Ce qui frappe dans Quand les trains passent, c’est le malaise provoqué par les paroles de la narratrice, ce pari un peu stupide qui prend peu à peu une tournure grave et qui nous met dans une position délicate en tant que lecteur. On sent que l’histoire va mal finir, on ne sait pas comment. C’est aussi ça la collection d’Une seule voix, des textes crus, brutaux, qui interpellent, dérangent, malmènent et parfois nous offusquent. Quand les trains passent est donc de ceux là. Un texte provocateur et fort où la révélation finale tout comme l’attitude de la narratrice nous laisse sans voix, presque sidéré.
J’ai bien aimé la manière d’écrire de Malin Lindroth. Mais j’ai eu du mal à accrocher à la personnalité de la narratrice. Le positionnement de celle-ci par rapport aux événements n’est pas très clair. Elle est très passive au moment des faits, on peut le comprendre, mais elle est ensuite d’une grande lâcheté qui m’a désarçonnée. Dans le même temps elle est très dure vis-à-vis de Suzy et semble lui reprocher de n’avoir rien vu du canular. Elle la rend presque responsable de ce qui lui est arrivée, comme si c’était à cause de la stupidité de Suzy qu’elle devait aujourd’hui culpabiliser et vivre avec ce poids sur la conscience.