Éditeur : Glénat BD ( 2019 )
300 pages
Note :
Une jeune fille est arrêtée par la police, suspecte principale dans l’assassinat de sa famille entière. Ou presque. Car Pierre Grimaud a survécu. Il est plongé depuis 6 ans dans le coma lorsqu’il se réveille et découvre la terrible réalité sur les meurtres de sa grande sœur. Désorienté, encore paralysé et souffrant d’amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie. Pendant leurs séances, Anna tente de l’amener à se souvenir des circonstances du drame…
Cette bande-dessinée volumineuse est un thriller psychologique d’une rare intensité. L’histoire débute sur l’image d’une jeune fille hagarde, en sang, qui déambule dans les rues d’une banlieue résidentielle. Suivra l’effroyable découverte : l’assassinat d’une famille entière dont un seul membre a survécu : Pierre. Le drame, qui a eu lieu dans des circonstances mystérieuses, a intrigué la psychologue Anna Kieffer. Aussi, lorsque Pierre se réveille, elle décide d’être à son chevet pour recueillir ses souvenirs, malgré l’amnésie partielle dont il est atteint.
Le Patient est une bande-dessinée qui nous plonge dans une atmosphère sombre et pesante. Le récit raconte à la fois le quotidien de Pierre à l’hôpital et ses souvenirs avant le drame familial, qu’il retrouve au cours de ses rencontres avec Anna Kieffer. La tension monte petit à petit. La prouesse de Timothé Le Boucher est de maintenir le suspense tout au long de sa bande-dessinée. Le lecteur cherche à élucider la vérité autour de l’assassinat de cette famille mais c’est surtout la psychologie des personnages qui fascine : le côté mystérieux et la dualité de Pierre qui le rendent si insaisissable, la distance froide d’Anna Kieffer, le rapport parfois trop intime entre les deux personnages au fil des échanges… Et puis il y a les souvenirs de Pierre qui jouent sur la confusion…
Timothé Le Boucher accorde autant d’importance aux dialogues entre les personnages, qu’à la narration implicite et silencieuse de ses nombreuses planches, sans texte, qui font aussi monter le suspense et donne à cette BD son ambiance si singulière. Le retournement de situation qui se produit au 2/3 de la bande-dessinée, donne à Le Patient une nouvelle dynamique. Le lecteur se sent déboussolé, un peu plus mal à l’aise face à ces personnages qu’il n’arrive pas à saisir. La complexité psychologique du récit fait toute la saveur de cette lecture et il est impossible de refermer Le Patient sans en avoir atteint la fin. Mais la conclusion apporte t-elle elle-même toutes les réponses ?