Age : 15 ans et +
Éditeur : Hachette (2016)
270 pages
Note :
Lisa Hernest, psychiatre reconnue et spécialisée dans les cas complexes, est appelée à l’institut Saint-Vincent en périphérie de Paris. Elle va rencontrer sa nouvelle patiente : Judy Desforêt, internée pour paranoïa et hallucinations, enceinte de cinq mois et qui refuse de s’alimenter. Lisa découvre que depuis sa naissance, Judy partage son existence avec un jeune homme, Alvyn, qu’elle seule voit. Le récit livré par la jeune paranoïaque ébranle peu à peu les certitudes de Lisa… et si Alvyn existait réellement ?
Melissa Bellevigne s’est d’abord fait un nom en tant que blogueuse beauté sous le pseudo Golden Wendy avant de se lancer dans l’écriture. Depuis 2009, l’idée de Paranoïa germait dans son esprit mais il aura fallu plusieurs années à la jeune auteur de 25 ans pour concrétiser son roman.
Paranoïa repose sur un schéma assez classique dans le genre : une psychiatre écoute le récit un peu fou d’un(e) patient(e) et se laisse peu à peu emporté par son histoire, ayant de plus en plus de mal à déterminer où commence la folie.
Melissa Bellevigne alterne les voix des deux femmes. La voix de Lisa nous raconte sa rencontre avec Judy en 2010 alors que la jeune femme est internée en hôpital psychiatrique. La voix de Judy, elle, nous entraîne un an auparavant alors qu’elle vient de fêter ses 20 ans et se lance avec Alvyn, un jeune homme qu’elle seule voit, sur les traces de ses origines familiales, en Angleterre.
J’ai particulièrement apprécié les passages racontés par Judy. La jeune femme est attachante et l’enquête menée en Angleterre est intéressante. Melissa Bellevigne partage avec justesse la détresse et les angoisses de Judy. Elle voit Alvyn depuis l’enfance mais tout le monde la prend de fait pour une folle. Mais son incroyable lucidité nous fait peu à peu douter. Tout au long du roman j’ai été taraudée par la question centrale de Paranoïa : Alvyn est-il simplement une création de l’esprit de Judy ou existe t-il quelque part ? Le mystère créé ainsi autour d’Alwyn était très intéressant et plutôt bien exploité par Melissa Bellevigne.
La voix de Lisa coupe le récit de Judy et nous ramène un peu les pieds sur terre. Sa présence est cependant moins essentielle au déroulé de l’histoire et sonne plus comme un prétexte au récit de Judy et Alvyn. Je m’attendais à bien plus d’interactions, d’échanges entre Judy et Lisa. Or ce ne fut pas souvent le cas. J’aurais aimé que la relation qui se noue entre les deux femmes soient plus approfondie, plus développée. De fait l’aspect psychologique du roman est finalement peu exploité d’un point de vue médical, ce qui est un peu dommage car c’est ce que j’avais espéré en démarrant Paranoïa.
J’ai aussi été déçue par le peu de réponses apportées par l’auteur. La fin est très ouverte et n’a pas été synonyme chez moi d’une conclusion satisfaisante. Au final, j’ai toujours eu le sentiment que l’auteur n’allait pas jusqu’au bout de ses idées, ne creusait pas assez en profondeur son récit et restait sur une histoire intrigante mais peut-être pas assez développée. Le roman fait pourtant 310 pages mais il le sentiment d’un petit quelque chose qui manque persiste.
Pour finir avec une touche positive car cette lecture était plutôt satisfaisante et prenante dans l’ensemble quand même, j’ai trouvé l’écriture de Melissa Bellevigne très fluide. Si le style du roman montre encore quelques fragilités et quelques tournures un peu scolaires, l’ensemble est plutôt pas mal pour une première incursion dans l’écriture.
En quelques mots :
Si on doit Paranoïa a une youtubeuse/blogueuse beauté reconnue, le roman lui est bien différent de cet univers. Paranoïa c’est avant tout la rencontre entre une psychiatre, Lisa et sa patiente étonnante, Judy, accusée de folie car elle voit depuis l’enfance un jeune homme du nom d’Alvyn. La question au centre du texte est alors de déterminer si Alvyn est une pure création de Judy ou s’il existe quelque part. Tout au long de ma lecture, c’est ce doute et l’enquête que mène Judy et Alvyn en Angleterre qui m’a tenue en haleine et m’a intéressée. Je me suis attachée à ces deux personnages, bien plus qu’à Lisa qui m’a laissée assez indifférente.
Mais Paranoïa m’a aussi un peu déçue car j’ai trouvé qu’il n’allait pas jusqu’au fond des choses, ne creusait pas assez la psychologie des personnages, l’histoire d’Alvyn et Judy et aussi la relation entre Lisa et la jeune fille enceinte. J’en attendais un peu plus car leurs échanges sont finalement très limités dans le récit. Paranoïa reste cependant un roman intriguant dont la lecture s’est révélée prenante.