Age : 12-15 ans
Editeur : Gallimard jeunesse : Scripto (2007)
130 pages
Note :
Avril 1994. Rwanda. La guerre civile entre Hutu et Tutsi démarre. Emma, 5 ans cachée derrière le vieux fauteuil de la maison n’a rien vu de l’assassinat de sa mère mais a tout entendu.
La jeune fille s’enfuit et trouve refuge chez une vieille paysanne. Les années passent, Emma grandit et toujours le souvenir de ce fameux jour persiste dans son esprit. Sa rencontre avec un adolescent Tutsi et un vieil homme l’amène à parler, à se reconstruire…
Pour comprendre La mémoire Trouée, il est important de connaître le contexte du Rwanda en avril 1994 et même bien avant :
Le Rwanda est un petit pays d’Afrique Centrale dont les 8,6 millions d’habitants sont répartis en trois populations : Les Hutu (90%), les Tutsi (9%)et les Twa (1%). De 1899 à 1950, le Rwanda fut colonisé par les Allemands, puis par les Belges. Auparavant être Hutu ou Tutsi s’apparentait à un statut social lié à une activité, l’agriculture ou l’élevage. Les colons ont figé ces groupes sociaux en les assimilant à des ethnies, cartes d’identité à l’appui. Privilégiant d’abord les Tutsi, les Belges donneront à l’approche de la décolonisation le pouvoir aux Hutu, majoritaire. A partir de là naîtra des violences anti-tutsi.
Le 6 Avril 1994, l’assassinat du président Hutu Juvénal Habyarimana permet la mise en place du génocide des Tutsi. Laissé à l’abandon, les Rwandais s’entredéchiront jusqu’en Juillet 1994, où le génocide sera stoppé grâce aux rebelles Tutsi. Le rôle de la France dans ce conflit est polémique.
Elisabeth Combres aborde ce conflit en début de livre mais s’intéresse surtout à l’après-conflit. Elle parle avec sensibilité et justesse des traumatismes causés par un génocide : amnésie, culpabilité, cauchemar…
L’auteur parle d’un conflit violent mais à aucun moment elle ne décrit de scènes. Là réside la force de ce livre : rien qu’avec les mots, Elisabeth Combres dans La mémoire trouée, arrive à transmettre l’horreur de ce génocide.
Sujet trop peu abordé que ce soit en littérature ou au cinéma, le livre constitue un véritable témoignage qu’il importe de conserver et de faire découvrir à la jeunesse avec toutes les polémiques que cela entraine et qu’il incombe de résoudre d’ailleurs… On ne peut en effet qu’être scandalisé quand on sait que le monde n’a rien fait pour arrêter ce génocide.
Un roman fort, poignant, bouleversant, entre documentaire et roman.