Age : 15 ans et +
Éditeur : Milan ( 2022)
320 pages
Note :
Ulis est beau, charmeur, charmant. Il plaît aux filles et est très populaire au collège. Enfin… il était. Car, depuis ce qui est arrivé à Noah, tout le monde le déteste.
Pour échapper au centre de détention pour mineurs, Ulis doit participer au programme « Marche ta peine » : deux mois de randonnée à travers la France, au côté d’André, un homme bourru et taiseux, qui a remplacé à la dernière minute l’éducateur qui devait l’accompagner. Deux mois pour que le garçon réfléchisse à ce qu’il a fait. Car Ulis ne comprend pas ce qu’on lui reproche : après tout, ce n’est pas lui qui a poussé ce boloss de Noah par la fenêtre ! Il n’y est pour rien s’il a voulu se suicider !
Pas après pas, étape après étape, Ulis remplit le journal que la juge lui demandé de tenir et revient sur son histoire, sur ses souvenirs.
Des livres sur la question du harcèlement scolaire, j’en ai lu beaucoup. L’intérêt de celui-ci ? la parole d’un harceleur et uniquement la sienne. Une parole postérieure à la survenue d’un événement dramatique pour sa victime. Surtout, Maryvonne Rippert ne fait pas du harcèlement le centre du récit même si c’est ce qui a conduit Ulis à suivre le programme « Marche ta peine ». Ainsi, l’autrice préfère se concentrer sur la manière dont ce jeune va prendre du recul sur ses actes. Le moyen pour y parvenir ? Une longue marche en solitaire ou presque, loin de son environnement familier et de son entourage, des rencontres avec des personnes hétéroclites, de tout âge et de tous les milieux sociaux.
J’ai beaucoup aimé l’évolution d’Ulis dans cette histoire, la manière dont on passe d’un ado perdu, réfractaire au programme à un ado qui va chercher à apprendre de ses erreurs, comprendre comment il a pu devenir un harceleur et tenter de réparer la souffrance qu’il a pu causer. J’ai aimé aussi la relation qu’il y a entre lui et André, l’adulte qui l’accompagne dans le projet « Marche ta peine ». L’histoire personnelle de ce dernier résonne forcément avec celle d’Ulis.
Ce que j’ai particulièrement trouvé judicieux dans Marche ta peine c’est de ne pas se focaliser sur le rôle de harceleur qu’a eu Ulis, de rester une grande partie du récit dans la suggestion plutôt que la description précise des faits de harcèlement, mais aussi, lorsque viendra le temps de la confrontation avec Noah, de ne pas choisir une voix idyllique qui n’aurait pas du tout été crédible. Au contraire, les mots que Noah adresse dans la dernière partie de l’histoire à Ulis sont d’une grande justesse pour décrire la suite de leur relation…Le dernier chapitre va un peu moins dans ce sens et est « de trop » pour moi, mais ce n’est pas très grave.
Un roman à ajouter à toutes les sélections de livres pour lutter contre le harcèlement, un « témoignage » rare et précieux, aussi important que la parole des victimes.