Age : 12-15 ans
Éditeur : Rageot
220 pages
Note : 
La mère de César convoie des camions-citernes pour la SEGIKA, grande firme chimique de la région. Elle vient de poster une vidéo où elle déversait sur ordre, en pleine nature, de dangereux polluants. Le scandale éclate. César est mis à l’écart par la plupart de ses copains – dont les parents travaillent pour la SEGIKA. Associations et médias s’emparent de l’affaire. L’adolescent est perdu car il aime Lou-Ann, dont le père est un cadre dirigeant de la firme. Comment agir ?
Un roman efficace et bien mené qui témoigne de la réalité pour les lanceurs d’alerte. En refusant de se taire sur les agissements qu’on la pousse à faire, la mère de César dénonce son entreprise et se retrouve en proie aux menaces, tout comme son fils, car la SEGIKA est le premier employeur de la région. On va donc suivre sur quelques jours la situation, à travers deux points de vue notamment. D’une part, César qui raconte comment sa mère se retrouve au cœur des médias et victime d’insultes, de menaces en tout genre, même si elle est soutenue aussi par des écologistes, car l’enjeu économique est fort. César parle aussi de ses propres sentiments sur la situation, angoisses et craintes, son conflit intérieur et aussi vis-à-vis de Lou-Ann, mais aussi on voit comment il va tenter d’agir à son échelle, se confronter à d’autres ados… D’autre part, le point de vue de Lou-Ann, entraîné dans cette affaire d’abord par César et surtout parce que son père occupe un poste important à la SEGIKA, elle aussi va voir ses certitudes vaciller.
Ce que j’ai trouvé d’intéressant dans le roman Lancer l’alerte c’est qu’il parle de personnes au rôle essentiel pour que les entreprises ou autres n’agissent pas impunément mais dont la vie bascule totalement et peut irrémédiablement ne plus être la même voire détruite par leurs révélations. C’est un sujet important et que je n’avais jamais vu traité en littérature pour ados. Jean-Christophe Tixier offre une histoire claire et accessible à tous, qui permet vraiment de comprendre tous les rouages en jeu et les conséquences. Le texte est très nuancé, car si la mère de César a agi avec toute sa conscience pour dénoncer son entreprise, elle est loin de faire, par cette action, l’unanimité. Les personnages ne sont pas non plus trop manichéens, ils doutent et agissent avec nuance. De fait, le texte est très réaliste jusque dans sa conclusion ( même si peut-être un peu trop liminaire).
L’emballement médiatique, la confrontation entre les valeurs écologiques et économiques, l’impact psychologique ou physique, les pressions, les incertitudes, les réussites et les échecs…tout cela est présent dans Lancer l’alerte et donne au roman sa crédibilité. Il est aussi pédagogiquement très intéressant, permettant de questionner les élèves/ados sur différentes problématiques (celle des lanceurs d’alerte bien sûr, mais aussi l’écologie, la relation amoureuse quand on n’est pas « dans le même camp »..). Lancer l’alerte est donc une lecture percutante et très utile.