Éditeur : La Ville brûle (2018)
100 pages
Note :
En 2038, le gouvernement décide de placer toutes les personnes ( et en particulier les enfants et adolescents) handicapées dans des « centres de soin ». Josepha, une adolescente atteinte d’hypertrichose (forte pilosité sur tout le corps) raconte dans son journal intime comment sa vie se trouve bouleversée et comment elle devient malgré elle l’héroïne d’une émission de télé-réalité à sensation…
Journal d’une fille chien est une dystopie qui se déroule en 2038. Le gouvernement en place, totalitaire, décide de pratiquer la ségrégation génétique envers les personnes handicapées, différentes ou non conformes. Josepha, l’héroïne, confie à son journal intime les changements qu’elle note au fur et à mesure dans son quotidien : exclusion, rejet par le reste de la population, séparation avec sa famille, ses amies et enfin internement dans un « centre de soin » . Elle deviendra aussi la star d’une émission de télé-réalité, qui tient plus lieu de « Freak Show », et dans laquelle elle est exhibée comme un « phénomène de foire » avec d’autres adolescents à l’apparence aussi spectaculaire que la sienne.
Journal d’une fille chien n’est pas un roman très long mais il est très efficace, à la manière d’un Matin Brun de Frank Pavloff. Tous les éléments pour mettre en scène cette nouvelle forme de ségrégation et les dangers de la montée de ce fascisme sont là. Le bouleversement de la vie de Josépha et la manière dont elle est mise en scène en devenant une vedette de la télé-réalité est aussi terrifiant que glaçant pour le lecteur.
Le parallèle avec le nazisme est clair et volontaire. Le roman s’inspire en effet de nombreux faits réels de cette terrible période et notamment des expériences menées sur les personnes handicapées par le docteur Mengele. La construction de l’histoire et la manière dont les personnages du roman sont traités, sont aussi très inspirées du sort que les nazis réservaient aux Juifs. Le roman est d’ailleurs complété par une annexe historique permettant la recontextualisation des thématiques abordées. Journal d’une fille chien est donc une réécriture pertinente de cette époque sombre.
Pour finir, je me suis beaucoup attachée à Josépha. J’ai beaucoup aimé son regard sur les choses et sa persévérance. Elle se lie d’amitié avec les autres stars de l’émission de télé-réalité à laquelle elle participe et entre aussi en lutte pour aider tous ceux qui vivent dans des conditions plus terribles encore que les siennes, dans ces centres de soin qui tiennent plus lieu de camps de concentration. Jamais négative, elle luttera jusqu’au bout pour contrer le destin qu’on veut lui imposer.
En quelques mots :
Cette dystopie est une réécriture pertinente des terribles heures sombres de la Seconde guerre mondiale et notamment du sort réservé aux personnes handicapées et juives. En 2038, le fascisme est à nouveau à notre porte et un gouvernement totalitaire décide d’instaurer la ségrégation génétique. Josépha, déclarée non conforme car atteinte d’hypertrichose (forte pilosité sur tout le corps) raconte dans son journal intime comment sa vie se trouve bouleversée et comment elle devient malgré elle l’héroïne d’une émission de télé-réalité à sensation…
Le roman est court mais très efficace. Tous les éléments pour mettre en scène ce fascisme sont là. Une lecture percutante, terrifiante et glaçante, très bien construite et écrite.