Le jour fantastique pourri de mon élection de Charlotte Moundlic

Age : 9 – 12 ans
Éditeur : Albin Michel jeunesse (2017)
110 pages

Note : 2 out of 5 stars

Yvan a passé les vacances de la Toussaint à peaufiner et réviser son discours pour devenir délégué. Mais le jour dit, il s’aperçoit que son meilleur ami Ali est lui aussi candidat. Jusqu’où est-il prêt à aller pour remporter la victoire ?

L’élection des délégués est souvent le premier pas pour faire comprendre aux plus jeunes le fonctionnement de la démocratie française. Dans Le Jour fantastique pourri de mon élection on va découvrir un jeune candidat d’une classe de CM2 : Yvan. Il a passé ses vacances de la Toussaint à peaufiner son discours et n’espère que la victoire. Grâce aux conseils de son père qui fait de la politique, Yvan est persuadé qu’il est le plus à même d’incarner le rôle de délégué. Mais lorsque son meilleur ami se présente à son tour, il voit rouge !

J’ai bien aimé la manière dont Charlotte Moundlic met en scène la politique. Le portrait moral d’Yvan est intéressant car on découvre un enfant prêt à tout pour gagner les élections de sa classe. Nourri par les conseils de son père politicien, Yvan, tout en s’exprimant avec le vocabulaire d’un enfant, tient déjà un discours d’adulte. Le lecteur s’amuse ainsi à retrouver dans les mots et l’attitude d’Yvan, les manières des politiciens actuels.

Si j’ai trouvé amusant ce décalage ( bien que je ne sois pas persuadée que les jeunes lecteurs le percevront toujours car il faut être habitué à entendre les politiciens s’exprimer), j’ai trouvé que Le Jour fantastique pourri de mon élection ne permettait pas vraiment au lecteur de tirer de cette lecture une « leçon ». Attention, je ne réclame pas d’un roman qu’il soit pédagogique ( même si le sujet est lié à des thèmes abordés en classe) mais j’aurais aimé que le héros tire de cette expérience une certaine forme d’humilité. Or ce n’est pas vraiment le cas.Yvan est un héros un peu trop sûr de lui et égoïste au départ, et il ne l’est pas moins à la fin…Dommage car avec l’arrivée d’Ali dans la course, on s’attendait, a ce qu’Yvan apprenne l’humilité.

Mais pour ça il aurait peut-être fallut que Le Jour fantastique pourri de mon élection ait une conclusion ! C’est là le principal défaut du roman. J’ai relu plusieurs fois l’épilogue, persuadée qu’il me manquait des pages. Mais non. La fin est donc très floue, beaucoup trop ouverte. On sent un frémissement dans la conscience d’Yvan dans cet épilogue mais son positionnement n’est pas assez explicite à mon sens pour le public cible de cette lecture. On a l’impression que le roman est conçu pour être le point de départ d’une rédaction du genre « Imaginez à présent qui d’Ali ou Yvan sera élu et comment leur amitié évoluera ». Sauf que c’est justement la réponse à cette question que l’on s’attend à découvrir et qu’on espère tout au long de cette lecture. Cette fin fut donc très frustrante et elle m’a énormément déçue et j’aurais finalement préférée une conclusion certes peut-être plus convenue, mais aussi plus claire.

En quelques mots :

Alors que pour moi Le Jour fantastique pour de mon élection promettait de donner à notre Yvan du début ( très égoïste et trop sûr de lui ) une leçon d’humilité et d’amitié, il n’en est en fait rien. C’est simplement le monde politique (dans ses aspects les moins reluisant) appliqué à la cour de récré. Si en tant qu’adulte on s’amuse du discours tenu par Yvan  car l’enfant calque les politiciens avec ses mots à lui, on est tout de même déstabilisé par la fin très (trop) ouverte qui ne permet pas à l’enfant de tirer de cette lecture un message éducatif. Or c’est typiquement le genre de roman qui son à mon sens est écrit pour ça… Alors je suis peut-être passée à côté de quelque chose, mais il a fort à parier que des enfants de 8-10 ans ( le public cible) aussi.

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