Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Le Rouergure : doAdo Monde (2011)
95 pages
Note :
Kounandi, comme tous les jeunes Africains, est passionné de foot et passe ses journées à jouer avec ses amis. Un jour, un Italien les filme et trouve Kounandi prometteur. Il lui fait miroiter une grande carrière de footballeur en Europe, vol ses parents de 2000 euros et l’emmène pour la France où Kounandi se retrouve bientôt livré à lui-même, des rêves de gloire plein la tête…
Après son roman La Première fois on pardonne qui parlait d’un sujet sensible puisqu’il était question des femmes battues, Ahmed Kalouaz s’intéresse avec Je préfère qu’ils me croient mort, à une autre triste réalité dont j’ignorais encore l’existence il y a quelques jours.
C’est l’histoire d’un Africain comme il en existe plein d’autres, c’est l’histoire d’un jeune dont on s’est servi, que l’on a volé, lui, qui déjà n’avait rien. Kounandi c’est ce garçon Africain qui rêve de devenir footballeur mais finira balayeur ou pire, SDF, dans les rues de la Capitale. Toute sa vie, il aura peur d’être pris par la police et de rentrer au Pays, avec pour seul souvenir de la France, la défaite. Ses parents ont tout donné, même plus, pour le succès de leur enfant qui à peine descendu de l’avion comprend que tout ne tourne pas rond, ni comme prévu. Balloté de chambres en chambres miteuses d’hôtels puis abandonné, Kounandi essaye de trouver des mains pour l’aider mais ne rencontre que des profiteurs ou presque.
Je préfère qu’ils me croient mort est un texte tout en pudeur et en finesse, qui aborde un sujet difficile. Le lecteur, à cette lecture se sent révolté par cette réalité sur lequel on semble avoir bien peu d’emprise. Raconté à la première personne, ce roman est crédible et touchant, sans concession mais baigné d’espoir malgré tout car Kounandi veut y croire, jusqu’au bout, malgré ses mois de galère. Il y croit parce qu’il sait qu’il ne peut pas rentrer ainsi chez lui sans avoir réussi, parce que se serait pire encore que mourir…
C’est une phrase prononcée par ses 99% des jeunes Africains qui viennent en France et dans toute l’Europe avec le rêve de devenir footballeur qui donne au roman son titre. Une phrase terrible et incisive, qui cache une triste réalité.
En complément de son roman, Ahmed Kalouaz propose au lecteur un court article de presse qui aborde ce phénomène méconnu du grand public, sa lecture nous touche plus encore : ce n’est plus de la fiction, c’est le monde dans lequel nous vivons. Je préfère qu’ils me croient mort est un beau texte, sur la face cachée du monde du football, dénonçant sa cruauté envers les joueurs et son manque de pitié.