Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Slalom (2022)
320 pages
Note :
Eva n’était pas encore née que sa chaîne Youtube comptait déjà 10 000 abonnés. À 13 ans, ils sont des millions à suivre le moindre de ses gestes. Ses parents, investis à temps plein dans cette entreprise, s’assurent que les vues augmentent toujours plus. Cadeaux, faveurs et voyages affluent avec la célébrité : une vraie vie de rêve… fictive ! Si tout le monde regarde Eva partout, tout le temps, personne ne l’écoute. Ses envies et préférences ne comptent pas. Tout ce qu’elle mange, porte, touche est sponsorisé. Rien ne doit sortir du cadre de la caméra, pas même l’annonce de ses premières règles. C’est l’humiliation de trop. À présent, Eva a décidé de se faire entendre et de reprendre le contrôle de sa vie !
Eva est l’héroïne d’une chaîne youtube créée par ses parents depuis qu’elle est née ( et même un peu avant). Mais à 13 ans, la jeune fille aimerait bien que sa vie privée ne s’étale pas tous les jours sur Internet. Lorsque ses parents publient la vidéo de trop, Eva décide qu’il faut à tout prix qu’elle mette fin à sa chaîne et cette célébrité forcée.
Si les chaînes « familles » de youtube ou les innombrables comptes ( d’influenceurs mais pas que) qui partagent au quotidien des stories de leurs enfants et ados vous posent question, si vous avez déjà lu l’excellent Les Enfants sont rois de Delphine de Vigan ou encore si vous voulez faire réfléchir un ado à l’envers de la vie des enfants star de youtube et des réseaux sociaux, alors Girl in real life est fait pour vous.
J’ai adoré cette lecture qui pointe les dérives de ces comptes et la manière dont Tamsin Winter nous partage le ressenti d’Eva. A 13 ans, la jeune fille ne supporte plus de voir sa vie privée étalée sur la toile, aimerait ne pas être un panneau publicitaire géant et ne pas passer des heures à tourner.
Le lecteur suit toutes les stratégies de la jeune fille pour échapper à ses obligations de star des réseaux sociaux et faire comprendre à ses parents qu’elle veut retrouver son intimité ( et bon courage à elle !) mais pour ceux-ci, Eva est une marque et le travail qui permet de les faire vivre.
Le ton est juste et l’histoire crédible et choc. Tamsin Winter décrit bien les mécaniques à l’œuvre derrière ces chaînes. Les sponsors , les photos prises à tout bout de champ, la vie de famille et amicale organisées pour alimenter la chaîne en vidéo, le tournage permanent, le manque de liberté dans son quotidien ( vêtements, sorties,…). Je ne sais pas si les enfants héros des chaînes comme Studio Bubble Tea ou Swan et Néo (des « incontournables ») partagent le ressenti d’Eva mais je suis sûre que cela finira par se produire ( pour eux ou d’autres) et je ne les envie pas du tout de vivre ça…Quand à ce business, il me navre profondément…