Age : 15 ans et +
Éditeur : Gallimard jeunesse (2009)
190 pages
Note :
Anaximandre va passer cinq heures à se faire interroger par un jury sur un sujet qu’elle a préparé avec son tuteur Périclès depuis trois ans : Adam Ford. Ce long exposé lui ouvrira peut-être les portes de l’Académie, qui dirige le monde futuriste dans lequel elle vit. Mais au fil des heures elle se met de plus en plus en danger…
Génésis de Bernard Beckett se présente tout de suite comme un livre très spécial et qui sort totalement des sentiers battus, aussi bien dans le secteur jeunesse que dans le secteur adulte. La seule équivalence qu’on pourrait lui trouver c’est peut-être les dialogues platoniciens, un choix que l’auteur montre clairement et Génésis se présente aussi comme une réflexion philosophique.
En effet, ce texte n’est pas un roman puisqu’il s’agit de relater l’échange entre Anaximandre et ses examinateurs. La jeune fille devient la narratrice de l’aventure d’un homme, Adam Ford, dans la fin du XXIème siècle alors que le monde est en train d’être rattrapé par les maladies et la technologie. Cet homme, après avoir voulu porter secours à une jeune fille, est envoyé dans un endroit pour apprendre à un robot à se comporter plus encore comme un homme. Anaximandre relate alors les rapports entre la machine et Adam.
Au premier abord Génésis peut apparaître comme un livre assez rasoir car Bernard Beckett se contente d’exposer les faits à travers les propos d’Anaximandre et les questions des examinateurs, sans jamais nous donner accès à l’action directe ou presque (deux hologrammes nous place face à deux échanges directs). Mais très vite on se laisse prendre par l’histoire d’Adam et on apprécie cette étrange manière de l’évoquer, ainsi que les quelques réflexions philosophiques autour de l’Homme, de la science, du progrès et de la politique qui sont abordées.
L’inspiration platonicienne n’est pas seulement dans la façon dont l’histoire est écrite mais aussi dans la société créée par l’auteur : pour ceux qui connaissent, c’est un dérivé de l’utopie de La République de Platon. Les noms mêmes des personnages sont issus de la culture grecque.
La fin réserve une sacrée surprise même si on peut avoir quelques soupçons à mi-parcours et le livre s’achève de façon abrupte.
En conclusion, Génésis est vraiment le texte le plus singulier que j’ai lu jusqu’à ce jour mais c’est un concept qui m’a beaucoup séduite, qui place la philosophie a la portée des ados même si le livre ne se réduit pas à ça. Il est clair que l’on n’oublie pas un livre au concept si particulier, dont le propos est cohérent et l’histoire passionnante, à sa manière.