Age : 9-12 ans
Éditeur : Rageot Romans (2014)
130 pages
Note :
Hugo et sa famille viennent de déménager dans la région parisienne. Parce qu’il a du mal à s’intégrer, Hugo se crée un personnage pour se faire remarquer dans sa classe et passer pour un garçon cool. Surtout, il veut cacher à tous qu’il est le frère de Sasha, un adolescent de quinze ans qui souffre d’un handicap mental. Mais est-ce si facile d’être quelqu’un d’autre ?
Il n’est jamais évident pour un enfant, un adolescent ( et même un adulte ) de quitter ses repères et le train-train quotidien. Seulement la vie est souvent marquée par des déménagements et Hugo, le narrateur de cette histoire, va en faire l’expérience. Armé d’un cahier qu’il utilise comme son journal intime ( même si « c’est pour les filles ça ! »), il confie ses craintes liées au déménagement, avant de raconter son début d’année chaotique dans la région parisienne.
Le garçon qui ne voulait plus de frère, c’est à la fois l’histoire d’un jeune ado qui par peur d’être rejeté par les autres se forme une nouvelle identité, très éloignée de ce qu’il était avant, mais c’est aussi l’histoire d’un garçon qui a du mal, au moment où il commence à construire son identité, à assumer son « grand petit frère », Sasha, atteint d’un handicap mental.
Dans son journal, Hugo raconte avec sensibilité ses changements en petit ado rebelle qui ne cherche finalement qu’à attirer l’attention de ses parents parce qu’il se sent oublié face à son frère. Il raconte aussi sa difficulté à assumer son frère, pour qu’il éprouve à la fois de la sympathie et de la colère.
Le garçon qui ne voulait plus de frère est un récit juste construit autour d’une question : Comment assumer d’avoir un frère atteint d’un handicap, quand on a soi-même des difficultés à assumer sa propre personnalité ?
Le texte est sensible et bien écrit. Le lecteur se glisse bien dans la peau d’Hugo, sans avoir besoin de vivre, pour autant, la même situation, notamment parce que tous les ados sont un jour tentés d’être quelqu’un d’autre, d’être un peu rebelles et surtout plus cool aux yeux des autres. Le handicap est un facteur supplémentaire dans le parcours d’Hugo pour expliquer sa transformation.
Sophie Rigal-Goulard propose un roman complet et positif. Le seul bémol que j’apporterai, c’est la réaction des amis d’Hugo sur le handicap de son frère. J’ai trouvé que ça ne collait pas avec le caractère des personnages tels qu’ils nous avaient été présentés. Un peu trop positif pour le coup et peut-être pas très réaliste car les ados ne sont pas toujours très tendres avec le handicap…Mais l’espoir est permis, aussi ne nous arrêtons pas à un tel détail.
Par contre j’ai été touchée par Sasha, un adolescent qui devient vite attachant avec son attitude de bébé, son amour pour son frère et sa famille, et son côté très sensible aux émotions de ceux qui l’entourent.
En quelques mots :
Le garçon qui ne voulait plus de frère interroge avec justesse la difficulté à assumer sa personnalité lorsque le regard des autres est braqué sur vous. Un roman sur l’adolescence qui montre la tentation de se forger une carapace, une autre identité, un autre soi et d’enlever de son histoire personnelle, ce qui semble faire tâche d’huile, en l’occurrence, un frère handicapé mental. Sophie Rigal-Goulard propose un texte sensible, juste et très positif qui touche le lecteur.