Age : 15 ans et +
Éditeur : Gallimard jeunesse (2014)
295 pages
Note :
1984. Alma n’en peut plus de sa famille et trouve refuge dans une chambre de bonne au sixième étage de son immeuble. C’est là qu’elle fait la connaissance de Bakary Sakoro. Né au Mali, il s’est engagé à 17 ans auprès de l’armée française pour faire la Première guerre mondiale.
Bakary raconte à Alma son quotidien dans la Grande guerre, son amitié avec trois autres tirailleurs, et son amour pour Jeanne, une jeune femme blanche, fille de général.
Un récit qui peu à peu passionne Alma car le destin de Bakary Sakoro est hors du commun…
L’année 2014 a été marquée par les célébrations du centaine du début de la Première guerre mondiale. La littérature jeunesse n’a pas échappé à l’engouement pour la période et on a vu fleurir nombre de romans et documentaires sur cette thématique. Tout l’enjeu étant de ne pas proposer, d’un auteur à l’autre, des histoires qui se ressemblent trop.
Guillaume Prévost avec Force noire offre un texte qui se singularise des autres romans dans la mesure où il met en scène un « oublié » de la Grande guerre. En effet, Bakary Sakoro est d’origine Malienne et il appartient à l’Afrique Occidentale Française lorsque la Première guerre mondiale commence. Poussé par l’envie de retrouver son frère qui s’est engagé en France, il devient soldat à son tour et il va vivre la guerre au plus près des bombes.
La mise en scène de ce récit-témoignage est habile. Guillaume Prévost fait découvrir Bakary Sakoro au lecteur, en même temps qu’Alma le découvre. La jeune fille est à la fois un moyen d’identification pour le lecteur, mais aussi celle qui guide la parole du vieux militaire. Un brin provocante, avide de connaître les rebondissements du parcours de Bakary, elle donne au récit du dynamisme et coupe la parole de l’ancien militaire, pour rompre un témoignage qui sans cela aurait pu paraître ennuyeux.
Force noire mêle habilement l’Histoire, la grande, avec l’histoire, la petite. Au fil des échanges entre Alma et Bakary, on se surprend à être de plus en plus dans l’attente de son témoignage. On veut connaître la manière dont il a vécu les événements de la Première guerre mondiale, mais aussi ce qu’il advient des différents personnages que nous croisons au fil de son récit : Hambaté, Driss, Lasana, Malinko, Mogette … et bien sûr Jeanne.
J’avais au départ un peu peur de ne pas réussir à pénétrer dans ce témoignage, à m’intéresser à cette histoire, et finalement, j’avoue avoir été agréablement surprise au fur et à mesure que je progressais dans Force noire. Je n’arrivais plus à me détacher de l’attachant Bakary !
L’histoire racontée dans Force noire est touchante et elle sonne juste. Bakary Sakoro est un personnage de fiction mais son destin représente tous ceux qui, comme lui, sont venus des colonies françaises pour défendre la France, souvent en le payant très cher.
Guillaume Prévost m’a, semble t-il, fait un tour très complet dans son roman en évoquant aussi bien l’intégration des colonies dans le conflit, la vie des soldats dans la Grande guerre, les permissions, les gueules cassées et le regard des Français sur les noirs.
L’histoire d’amour entre Bakary et Jeanne est très émouvante et crédible. C’est aussi un fil conducteur dans le récit et un des éléments moteurs de Force noire : cette histoire nous tient en haleine tout au long de notre lecture.
Mon seul bémol revient à la fin de Force noire. Elle m’a surprise et un peu perturbée. Je n’ai pas trop compris le choix de Guillaume Prévost et je n’ai pas non plus vu ce que ça apportait à l’histoire. C’est une fin que j’ai trouvé étrange et un peu inattendue. A chacun de se faire sa propre idée. Mais ça ne remet pas en cause l’intérêt de cette lecture !
En quelques mots :
Parmi les nombreux romans qui sont sortis à l’occasion du centaine du début de la Première guerre mondiale, il y a Force noire. Ce livre se singularise des autres dans la mesure où il raconte le destin d’un Malien, Bakary Saroko, engagé auprès de l’armée Française. En effet, Guillaume Prévost a su mêler habillement la grande Histoire avec la petite histoire, pour retracer au travers son personnage, le destin de milliers d’oubliés de la Grande guerre.
Le témoignage de Bakary Saroko, confié à la jeune Alma, des années plus tard, nous touche au fur et à mesure de notre lecture. Force noire s’est révélé être une lecture bien plus passionnante que je ne l’aurais cru en commençant. Tout comme Alma, j’avais envie de connaître, chapitre après chapitre, l’histoire de Bakary Saroko. Un témoignage intéressant, qui sonne juste à chaque instant.