Age : 15 ans et +
Éditeur : Syros
330 pages
Note :
Lola ne parle plus depuis ses dix ans, et les médecins ignorent pourquoi. Ça ne l’empêche pas de se faire très vite repérer comme le talent prometteur de sa classe de seconde pro cuisine. Les six apprentis de la brigade sont coachés par le Bosco, une cheffe renommée et imprévisible. Quand elle leur apprend que seuls deux d’entre eux participeront à l’émission Sur le Gril ! Spéciale Apprentis, l’ambiance se tend. Dangereusement.
C’est un roman très actuel que nous propose Hervé Jubert avec Fondue au noir. Ainsi l’histoire débute en pleine épidémie de Covid-19. Lola, en classe de troisième, ne sait pas vraiment quel avenir se dessine pour elle jusqu’à ce que le confinement lui fasse découvrir les joies de la cuisine. Quelques mois plus tard, elle fait son entrée dans une micro-classe d’apprentis cuistos auprès d’une cheffe peu ordinaire. On va suivre sur une année son parcours, qui ne sera pas du tout une promenade de santé…
Fondue au noir est un roman qui joue beaucoup sur son ambiance et son style d’écriture. Hervé Jubert utilise une plume acérée et sarcastique pour une histoire résolument dans l’air du temps. Jouant sur la passion soudaine des français pour la cuisine, l’auteur met en scène six jeunes ados qui rêvent d’en faire leur métier. Si son héroïne Lola est mutique, Hervé Jubert y palie largement, s’incarnant à travers une narration qui se sert de ses personnages et de son histoire pour se moquer du contexte sanitaire, de l’enseignement classique et des émissions de télé-réalité. Cette présence permanente et moqueuse du narrateur est assez déstabilisante au départ mais c’est aussi la petite touche en plus de cette histoire. Comme le piment, on appréciera ou pas.
Côté histoire en elle même je l’ai trouvée plutôt originale et savoureuse. J’ai bien aimé suivre ces 6 jeunes apprentis et leur coach atypique. Lola est intrigante mais un brin trop effacée ( mutisme oblige ?). Heureusement les personnages secondaires sont bien taillés et sources de rebondissements dans Fondue au noir . Tous sont très impliqués et engagés dans leur projet, prêts à tout, pour certains, pour leur passion. Hervé Jubert se sert de son décor, le Périgord, pour planter son intrigue mais c’est surtout les personnalités de ses personnages, leurs interactions et confrontations qui font le sel de Fondue au noir.
L’intrigue est plus diffuse. En effet, le récit suit une ligne directrice mais n’hésite pas à s’en échapper pour nous présenter une succession de situations secondaires étonnantes. Honnêtement ça part parfois dans le grand n’importe quoi ( pour ne pas dire dans le loufoque) mais c’est aussi ce qui fait de ce roman une vraie surprise à chaque chapitre. Je regrette néanmoins que la place de l’émission de télé-réalité soit finalement un peu reléguée comme simple objectif en arrière plan et utile surtout qu’à un final très très mouvementé. Je pensais que l’émission serait en effet davantage exploitée dans l’histoire.
Fondue au noir est donc un roman atypique autant pour son histoire que pour son style. Les amateurs de cuisine et émissions culinaires à la Top chef apprécieront le regard caustique d’Hervé Jubert.