Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Flammarion jeunesse (2013)
220 pages
Note :
Marion ne supporte plus la drague d’Enzo, pourtant, un après-midi, au parc, elle cède et tous les deux échanges un baiser. Mais en réalité, le garçon l’a piégé et la scène, filmée, est vite déposée sur Facebook. Pour Marion, dont la vie est déjà chamboulée par la fuite brutale de son père et une mère qui ne pense qu’à retrouver l’amour, l’affaire est déstabilisante. Mais passé la honte, la rage l’emporte : Marion veut se venger.
Combien d’affaires sur ce thème d’une vidéo malheureuse postée sur Facebook ou un autre réseau social, qui font de la vie de collégiens et lycéens un enfer ? beaucoup trop. Hubert Ben Kemoun, inspiré par ce thème a donc imaginé dans La fille seule dans le vestiaire des garçons, comment une jeune fille aussi forte et résistante que Marion mais énormément seule, allait pouvoir vivre une telle épreuve : mal. Et pourtant, ce qu’elle vit ce n’est qu’une infime partie de ce que vit un enfant harcelé, chaque jour au quotidien. Mais dans cette tranche de vie, il y a déjà tout : la honte, la peur, la violence, la vengeance. Le poids des mots, le poids des actes. Tout est saisi dans ce texte fort et percutant qui décrit avec réalisme cette affaire.
Le sujet est bien traité, l’écriture est soignée et nous plonge très bien au coeur des pensées de Marion, comme si on lisait son journal intime.
Marion est une adolescente solitaire mais qui a un caractère fort et beaucoup de verve. Elle n’hésite pas à balancer des répliques cinglantes à Enzo et ses amis, ce qui donne au roman La fille seule dans le vestiaire des garçons, un ton piquant très appréciable.
Marion elle aime aussi le chant et la guitare, elle a un petit frère, Barnabé et vit avec sa mère uniquement depuis que son père a abandonné la famille. Une mère un peu absente, que la jeune adolescente aime mais a qui elle en veut aussi parce qu’elle pense plus à se trouver un nouvel amoureux qu’à comprendre ce qui se passe dans la vie bien compliquée de sa fille !
Côté personnages secondaires de La fille seule dans le vestiaire des garçons, j’ai trouvé que Barnabé était un petit garçon « mignon », attachant et peu commun. Il apporte au roman sa touche d’humour et ce côté léger qui fait vraiment du bien, même si le texte n’est pas trop dur.
Par contre j’ai trouvé que les méchants Enzo et amis, l’absente mère de Marion (sans parler du père…), le professeur de musique fan de la jeune fille et le beau et gentil Alexis étaient des personnages un peu convenus et caricaturaux. Ils font trop personnages de fiction à mon goût et on peut aussi dire que Marion n’a pas une famille avec une histoire « ordinaire »…c’est un peu dommage.
Autre point négatif, la fin un peu trop clichée. Je n’ai pas du tout accroché et surtout j’ai trouvé ça surfait et un peu trop fictionnel aussi ! Bon, c’est un choix de l’auteur mais moi je n’ai pas vraiment aimé.
En somme, La fille seule dans le vestiaire des garçons est très intéressante pendant les 2/3 de l’histoire et très réaliste, avec une Marion crédible, attachante et dont on saisit bien chaque sentiment. La fin est un peu décevante mais qui est aussi réconfortante pour le lecteur. J’ai surtout apprécié la justesse du ton et l’écriture un peu coup de poing.