Age : 15 ans et +
Éditeur : Pocket jeunesse ( 2020 )
520 pages
Note :
Dans un parc d’attractions, Jana, seize ans, se fait repérer par un agent de mannequins. Après hésitation, la jeune fille accepte et signe un contrat. Elle défile bientôt pour les plus grands noms de la mode et évolue dans un milieu glamour mais cruel. Afin de gérer la pression, l’adolescente prend des tranquillisants et des somnifères. C’est le début d’un cauchemar qui poussera Jana à révéler au monde entier combien l’univers de la beauté peut être laid…
Bien sûr dire que je ne connaissais pas la face sombre du mannequinat serait faux. On a tous en tête notamment le cliché de la jeune fille anorexique condamnée à ne pas dépasser la taille 34 pour 1,75 m, mais c’est aussi souvent à peu près tout ce qu’on retient de cette part obscure du métier. Le reste fait rêver les jeunes ( et moins jeunes) : célébrité, podium, voyages, argent, jolis logements, vêtements sublimes et corps magnifiques. Juno Dawson, dans Fashion Victime, met fin à ce conte que l’on se raconte quand on se prend à s’imaginer devenir, à l’image de son héroïne Jana, mannequin du jour au lendemain.
Dans Fashion victime , Jana ne cherche pas à entrer dans cet univers, mais le hasard d’une rencontre et la voilà qui se retrouve être la nouvelle coqueluche des marques. Très vite son physique interpelle les grands noms de la mode et sa célébrité monte. Une situation idyllique mais Jana va chaque jour déchanter un peu plus et plonger dans les entrailles sombres de cet univers. Elle va ainsi découvrir l’absence d’intimité, la fatigue, la solitude, les voyages dans des pays qu’on n’a pas le temps de visiter, l’argent qui coule à flot et qu’on n’a pas le temps de dépenser, la célébrité difficile à gérer, la liberté de plus en plus restreinte par les contraintes des marques, les relations vides avec les très nombreuses personnes croisées,… et derrière le glamour des photos, il y a aussi souvent l’attente interminable et dans le froid des castings, les photographes pas toujours réglo, les logements insalubres et perdus dans les grandes villes. Nous voila très loin d’un monde de paillettes.
Juno Dawson dépeint un monde de la mode tel qu’on ne le présente que rarement. Si Jana est une héroïne de fiction, l’autrice s’est basée sur les multiples témoignages de mannequins, agents, recruteurs ou encore photographes de cet univers. La plongée est quasi documentaire et le roman dresse un portrait noir, sans concession et très réaliste du mannequinat d’aujourd’hui. L’auteur ne dénonce pas seulement l’anorexie, mais s’inscrit dans une dynamique plus large, évoquant aussi la prise de médicaments pour lutter contre le stress/les angoisses, les professionnels qui abusent des jeunes corps et le burn out qui guette certains mannequins. Jana flirte ainsi avec les limites et sa vie est mise en danger.
Sans être une passionnée de mode, le thème de Fashion victime m’a captivée. J’ai trouvé que le personnage de Jana était d’une grande justesse et j’ai réussi à totalement m’identifier à elle. Son parcours est intéressant car la jeune fille ne s’imaginait pas du tout mannequin et le hasard lui donne une opportunité certes alléchante mais aussi très dangereuse. Jana a les pieds sur terre et elle est capable de prendre du recul, de ne pas se laisser envahir par toutes les injonctions (elle échappe ainsi à l’anorexie) sans pour autant être infaillible (elle se bourra de xanax). Son évolution dans cette véritable expérience de vie professionnelle est fascinante et très pédagogique. J’ai aussi trouvé les différents personnages secondaires qui gravitent autour d’elle très intéressants car ils révèlent d’autres aspects du monde de la mode.
En conclusion, Fashion victime est une lecture que j’ai beaucoup aimé, qui m’a permise de découvrir les dessous d’un univers que je connaissais pour une part mais pas non plus totalement. Juno Dawson a vraiment exploré, à travers le parcours de Jana, tous les aspects de ce monde et j’ai trouvé son héroïne très touchante et attachante.