Age : 15 ans et +
Éditeur : Gallimard (2003)
490 pages
Note :
1935, dans la demeure de la famille Tallis, Briony et sa soeur aînée Cécilia attendent le retour de Léon et un des amis de ce dernier : Paul Marshall. La première a préparé une pièce de théâtre qu’elle veut représenter avec ses cousins, la seconde se languit. Alors que Briony regarde par la fenêtre, elle surprend Cécilia et Robbie, fils de domestique dans une scène étrange qu’elle ne comprend pas. A la lecture d’une lettre de ce dernier, adressée à Cécilia, et les ayant surpris ensemble à nouveau dans la bibliothèque, Briony, persuadée que Robbie est un dégénéré l’accuse pour un crime qui survient bientôt…Trois vies basculent et divergent pour se recroiser cinq ans plus tard dans le chaos de 1940 et faire ressurgir le passé.
Long mais tellement passionnant. Expiation de Ian McEwan est un de ces romans qui rappellent l’écriture de Jane Austen par l’ambiance qu’il installe : l’Angleterre, sa campagne et au sein de celle-ci l’amour, les tensions, les jalousies, les secrets et les vies qui basculent…
Un roman qui déroute au départ parce qu’il se passe en 1935 et que l’on se croirait encore au XIXème siècle dans cette famille qui évolue dans un monde clos, fermé à l’extérieur, du moins jusqu’à ce que l’Histoire la rattrape, tandis que l’histoire, celle en train de se construire les plonge vers le monde extérieur et les oblige à quitter cette demeure silencieuse mais tranquille.
Expiation est aussi un livre surprenant car Ian McEwan alterne les points de vue au cours des quatorze chapitres de la première partie, puis lors des deuxième et troisième parties.
Tour à tour plongé dans le regard de Briony, Cécilia et enfin Robbie, le lecteur assiste d’abord aux mêmes événements sous des angles divergents et capitaux, permettant à la fois de tempérer le regard de chacun sur les moments forts du récit, mais surtout de faire ressurgir la personnalité complexe de Briony, véritable personnage central de toute l’oeuvre, à qui Ian McEwan donne la parole dans la quatrième et dernière partie d’Expiation. Cette dernière, bien plus courte que les autres est cependant essentielle et conclue en apothéose ce roman au style fin.
D’ailleurs l’écriture de Ian McEwan est très recherchée, travaillée et admettons-le, agréable à lire voire superbe dans certains passages qui traduisent avec force et réalisme les pensées de chacun. Des scènes sont véritablement très belles à lire et la fin nous laisse en suspend, plongé dans les réflexions des dernières révélations du roman, qui nous surprennent autant qu’elles nous laissent sans réponse claire.
L’histoire d’Expiation est passionnante car bien que Ian McEwan reprenne les mêmes événements (dans la partie un), ceux-ci sont abordés de façon si différentes selon les personnages qu’on a l’impression de vivre quelque chose d’autre. Le récit suit son court, assurant une lecture longue dans l’attente de la suite jusqu’à ce que sonne, à regret la fin de l’histoire de Briony, Cécilia et Robbie.
L’Histoire avec un grand H, n’est pas non plus à négliger dans Expiation. Ian McEwan y accorde particulièrement de l’importance dans les parties deux et trois puisque Robbie et Briony sur lesquelles se centre tour à tour Expiation, sont en prise avec celle-ci. L’un a combattu et veut rentrer à Londres rejoindre Cécilia, qui l’aime toujours malgré l’accusation, et Briony est stagiaire infirmière et soigne les blessés de guerre. Ian McEwan n’hésite pas à raconter les horreurs que croise Robbie et les blessures de guerre auxquels est confrontée Briony, cela avec une profonde humanité.
Un très beau texte, qui a d’ailleurs fait l’origine d’une adaptation cinématographique en 2007, sous le titre de Reviens-moi.