Et ta vie m’appartiendra de Gaël Aymon

Age : 15 ans et +
Éditeur : Nathan (2020)
350 pages

Note : 4 out of 5 stars

À la mort de sa grand-mère, Irina reçoit un étrange héritage : une peau, sorte de talisman censé exaucer tous ses désirs…
Sans y croire, la jeune fille demande à devenir riche, ainsi que la dévotion absolue d’Halima, sa seule amie. Et ses souhaits se réalisent…
Pourtant, cette existence de rêve se transforme vite en cauchemar. Car un ennemi rôde, prêt à s’emparer de son talisman par tous les moyens. Et à chaque vœu formulé, la peau aspire peu à peu la vie d’Irina, la tuant à petit feu…

La Peau de chagrin est un célèbre roman d’Honoré de Balzac. Je l’ai lu il y a plusieurs années, lors de mes études littéraires, et j’avais beaucoup aimé ce classique. Lorsque j’ai reçu Et ta vie m’appartiendra, j’ai été intriguée car l’éditeur présentait le nouveau roman de Gaël Aymon comme la réécriture 2.0 de cette oeuvre. Et en effet, l’histoire, qui se déroule à notre époque, reprend très volontairement les éléments phares de La Peau de chagrin.

Ainsi, Irina, bachelière fraîchement recalée au concours Sciences Po, reçoit en unique héritage d’une grand-mère qu’elle connaît à peine, une étrange peau sur laquelle est gravée un message aussi intriguant que glaçant : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout et ta vie m’appartiendra. Tous tes désirs seront accomplis mais pour chaque vœu réalisé, je décroîtrai en même temps que ta vie. Me veux-tu ? Prends moi. » Le même message que Rafaphaël de Valentin découvrait dans Le Peau de Chagrin. Et tout comme lui Irina, sans trop y croire, va formuler ses premiers désirs et laisser le « diable » dévorer son âme et son corps

Et ta vie m’appartiendra n’est pas seulement une réécriture du célèbre roman de Balzac, il en est aussi la continuité puisque Gaël Aymon va utiliser le roman et Balzac comme fils conducteurs dans l’enquête qui se joue autour de la provenance et l’histoire de cette mystérieuse et dangereuse peau. Une idée intéressante qui a retenu mon attention.  Ainsi, de manière générale le scénario imaginé par Gaël Aymon est crédible. J’ai aimé les ponts ingénieux faits entre l’histoire d’Irina, l’histoire de Raphaël de Valentin, la peau de chagrin et bien sûr Balzac.

Gaël Aymon nous plonge tout au long d’Et ta vie m’appartiendra dans une ambiance angoissante et oppressante que j’ai trouvé particulièrement bien mise en scène. Le roman se divise en trois parties et celles-ci montrent  bien les trois étapes par lesquelles Irina va passer : de la découverte de la peau et la conclusion du pacte diabolique à son agonie finale et solitaire, sans grande surprise. Ces trois parties sont intéressantes dans les questions philosophiques qu’elles soulèvent : Faut-il succomber à toutes nos envies ? Quel est le prix de nos désirs ? Qu’est-ce que le bonheur, la richesse ? Qu’est-ce qui donne à l’existence sa saveur ? se demande ainsi l’auteur, Irina et le lecteur.

L’histoire est captivante et j’ai beaucoup aimé suivre l’évolution d’Irina. Néanmoins Et ta vie m’appartiendra souffre de quelques faiblesses. Ainsi, les personnages qui côtoient Irina manquent un peu de relief et restent très caricaturaux. On n’a pas vraiment le temps de les découvrir en profondeur malgré les 350 pages que compte le roman.
En outre, le récit est parfois trop morcelé. En effet, chaque partie met en scène un décor et un temps différent dans la vie d’Irina, ce qui est une bonne idée, mais j’ai aussi eu un goût d’inachevé à la fin de chacune d’entre elles. J’aurais aimé pouvoir m’approprier un peu plus chaque partie pour ne pas être surprise à chaque fois par leur fin. Le passage de l’une à l’autre n’a donc pas toujours été évident car il fallait combler les vides de la narration et les non-dits…

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