Age : 15 ans et +
Éditeur : Pocket jeunesse
460 pages
Note : 
Des milliers de corbeaux envahissent la petite ville d’Auburn, en Pennsylvanie, mais Leigh n’y prête aucune attention. Pour elle, la menace provient des crises terrifiantes de son père. Sa priorité : protéger ses deux petites sœurs coûte que coûte. Heureusement, un rayon de soleil éclaire ce sombre tableau : le beau Liam, différent des autres garçons, semble être le seul à comprendre Leigh. Avec son aide, elle va élaborer un plan pour mettre en sûreté sa famille. Mais son temps est compté : dans moins d’un an, elle devra partir pour l’université.
Il y a quelques mois, Pocket jeunesse publiait le roman Ma Fureur, récit fort et psychologique dépeignant l’emprise d’un beau-père sur une adolescente prisonnière de cette situation. Avec L’Envol de Kyrie McCauley, l’éditeur nous propose un autre roman ayant trait à la famille toxique, pour aborder la terrible situation des enfants confrontés à la violence conjugale et parentale, dont l’autrice a elle-même été la témoin/victime.
Leighton est l’ainée d’une famille de trois enfants. Depuis quelques temps, elle voit son père devenir de plus en plus violent, envers sa femme ( physiquement, verbalement ) et envers elle et ses sœurs ( verbalement surtout). Pourtant, personne n’ose parler et personne ne vient non plus les aider. Leighton supporte la situation, espérant qu’un jour sa mère quittera ce mari qui n’est plus l’homme tendre qu’il a un jour été, rongé par la colère et en proie à des crises de plus en plus fréquentes et terrifiantes. Surtout, Leighton veut protéger ses deux petites sœurs, Juniper et Cammy, quitte à renoncer à vivre sa vie de lycéenne et connaître, par exemple, les soirées entre amis, l’amour d’un petit-ami… Sa rencontre avec Liam lui donnera le courage de peut-être renverser la situation, tandis que la violence du père grandie.
L’Envol aborde avec justesse et humanité une réalité qui est malheureusement loin d’être minime. La maltraitance, les violences domestiques sont ici dépeints dans toute leur complexité psychologique. Kyrie McCauley parvient très bien à faire comprendre à ses lecteurs pourquoi cette mère reste avec son mari ( l’espoir qu’il changera, la nostalgie d’un amour autrefois idyllique) et pourquoi Leighton est prisonnière de la situation ( culpabilisation, solitude, volonté de protéger ses soeurs).
L’Envol est le roman d’un combat contre les violences familiales. En effet, alors que les corbeaux envahissent symboliquement la ville d’Auburn où la famille réside, Leighton va commencer un long parcours, passant de la jeune fille soumise, résignée et engluée dans sa peur à la dénonciation des violences de son père et de la complicité de tout ceux qui savent sans réagir…Sur son chemin elle pourra compter sur l’aide précieuse de ses amis et Liam en particulier. Ce courage et cette force dont elle fera preuve nous impressionnent autant qu’ils nous touchent.
Le texte est aussi fort, avec des scènes parfois dures. L’ensemble est très crédible et il nous secoue. J’espère aussi que c’est un roman qui saura aussi bien toucher les enfants qui ont la chance de ne pas être confrontés aux violences domestiques que des enfants victimes de cette maltraitance intra-familiale et qui se sentent souvent seuls. Comme Kyrie McCauley l’explique en préface de L’Envol, elle adresse ce roman à « ceux qui n’en ont jamais subi [pour qu’ils] puissent comprendre la complexité des violences domestiques. Et pour que tous ceux qui vivent cette expérience puis entendre ceci : non ce ‘est pas acceptable. Tu n’es pas seul.e »