Age : 15 ans et +
Éditeur : Milan ( 2020 )
410 pages
Note :
« Entre chiens et loups » revient avec une nouvelle saison, où l’on retrouve les thèmes chers à Malorie Blackman : racisme, ségrégation, famille, amour.
Il y a 15 ans, Entre chiens et loups était l’une des premières trilogies dystopiques que je lisais et je me souviens encore de la fascination que j’avais ressenti à sa lecture tout comme l’effet que cette trilogie avait eu sur ma perception du racisme, au delà d’une histoire d’amour impossible entre Séphy et Callum qui sonnait comme un nouveau Roméo et Juliette... Quelques années après j’ai lu le quatrième tome Le Retour de l’aube. mettant en scène une deuxième génération, un nouveau couple : Callie et Tobey. Aujourd’hui, plus de dix ans après, alors que les questions raciales sont encore présentes au quotidien et que les rapports entre blancs et noirs semblent toujours très conflictuels, Malorie Blackman a ressenti le besoin d’écrire et de retrouver ses personnages emblématiques. Elle nous offre une vraie surprise avec cette nouvelle suite qui comptera au moins deux tomes, Entre les lignes s’achevant en effet sur une fin ouverte…
L’histoire se déroule 18 ans après Le Retour de l’aube. Callie, Tobey, Troy et Liberty en sont les personnages principaux. Les deux premiers ont su gravir les échelons ( Callie est devenue une avocate, Tobey s’apprête à devenir Premier ministre ) dans un monde plus ouvert ( en apparence ) sur la mixité. Les deux seconds ne sont que des lycéens entre questionnement identitaire et soif d’un avenir brillant. Tout va à nouveau basculer lorsque Tobey se retrouve accusé d’un meurtre, que Callie décide de le défenfre et que Troy et Liberty sont enlevés…
J’étais tout à la fois curieuse et impatiente de replonger dans l’univers d’Entre chiens et loups, capable de si bien parler de notre monde actuel à travers le renversement de la situation. J’ai adoré. Au départ pourtant, j’ai eu un peu peur. Je me sentais perdue dans ma lecture, Malorie Blackman reprenant ses personnages et son univers comme si nous les avions quittés hier : le bond de 18 ans dans leur histoire personnelle n’aide déjà pas mais l’absence de résumé préalable ( et donc des souvenirs très parcellaires de lectures qui remontent à 10 voire 15 ans) non plus…Il faut donc d’abord réapprivoiser les codes de ce monde, les noms des personnages, leurs relations les uns avec les autres, reconstituer le fil de leurs vies tout en essayant de suivre le rythme de l’autrice qui passe d’un point de vue à l’autre.
Une fois ce travail de réappropriation fait, lorsque l’on est vraiment au cœur du roman, la magie opère à nouveau. J’ai mis du temps à lire les 150 premières pages mais j’ai dévoré les 250 suivantes, captivée comme il y a 15 ans par le destin de Troy, Liberty, Callie et Tobias. Malorie Blackman nous propose de nouvelles intrigues, de nombreux rebondissements et de nouvelles révélations : impossible de ne pas être tenu en haleine !
Entre les lignes est aussi un roman, je le disais, ancré dans l’actualité, contemporain. Il est justement à lire entre les lignes car derrière les événements vécus par les héros et l’évolution de ce monde depuis la première génération de personnage, c’est aussi l’histoire de la ségrégation raciale que Malorie Blackman raconte et ce qu’elle dit des nihils dans son livre est on ne peut plus crédible et juste pour les noirs d’hier et d’aujourd’hui ( aux Etats-Unis en particulier certes, mais pas seulement). Son regard est intéressant et offre au lecteur une vraie réflexion sur l’avenir que nous voulons.
Petite note personnelle : c’est assez rare mais je trouve que la couverture n’est pas très attirante par rapport aux anciennes…