Age : 15 ans et +
Éditeur : Casterman ( 2019)
340 pages
Note :
Louise a 18 ans, son avenir dépend de Parcoursup. OU PAS. Et si la liberté, parfois, c’était de choisir ce que personne ne propose ? C est l’histoire d une route trop droite et d’un pas de côté et d’un moteur qui cale. C est l’histoire d un regard qui s’ouvre sur un paysage nu où tout doit être inventé. Une histoire de courage. Celui qu’on a. Celui qu’on n’a pas. C est l’histoire de Louise.
Parcoursup ça vous dit quelque chose ? Si vous êtes lycéen ( élève de terminale notamment ), parent d’un enfant au lycée ou même enseignant, le mot ne doit pas vous êtes étranger. Pour les autres il s’agit de l’application mise en place depuis 2018 pour permettre aux lycéens de faire leur choix d’orientation. Elle fut ( et est encore ) source de nombreuses polémiques pour ses multiples dysfonctionnements, son opacité et les angoisses qu’elle génère pour les élèves sans affectation… Parcoursup, c’est donc le fil conducteur de Désorientée, même si le roman de Marine Carteron pose plus largement la question des choix d’orientation et de toute une vie que les lycéens sont amenés à faire alors qu’ils ne se sentent pas complètement près pour prendre de telles décisions.
Quand on connaît les romans de Marine Carteron ( Les Autodafeurs, Dix, Génération K…) , on peut être un peu surpris par le sujet très contemporain et réaliste de Désorientée. On est assez loin des romans fantastiques et des thrillers sombres auxquelles l’autrice nous avait habitués. Mais c’est aussi le pari de la collection Ici et Maintenant, dirigée par Vincent Villeminot, aux éditions Casterman : permettre aux auteurs de s’exprimer dans un genre qu’ils n’avaient jusqu’ici jamais exploré. Dans Désorientée, Marine Carteron propose un récit introspectif et intimiste sur la fin d’adolescence et l’entrée dans le monde adulte.
Le personnage central de Désorientée c’est Louise. Louise est en terminale, elle va bientôt passer son bac et a fait ses choix sur Parcoursup, mais elle est de plus envahie par le sentiment que sa vie est en train de lui échapper, ne lui ressemble pas et que c’est les autres qui guident ses choix, son orientation et plus généralement ses envies, et la fille qu’elle devrait être. Elle s’écarte et rejette peu à peu ses parents, sa meilleure amie Manon, ses anciennes convictions. Elle est en crise. Pas vraiment une crise d’ado, plus une crise existentielle qui cristallise autour de l’application Parcoursup. Elle aimerait savoir simplement qui elle est , qui elle aime et ce qu’elle veut devenir .
A travers Louise c’est le portrait d’une génération qui a du mal à se construire et à savoir ce qu’elle veut que Marine Carteron dépeint. Une génération qui s’est laissée porter année après année, sans trop s’interroger, guidée par les parents, les profs, les amis mais qui un jour se réveille en ayant le sentiment de n’avoir pas été maître de son destin. Un sentiment qui devient irrespirable, insupportable pour certains comme Louise.
Ce qui m’a plu dans Désorientée c’est le questionnement qui traverse Louise, sa réflexion, sa maturité. Si l’époque du lycée est derrière moi, j’ai quand même retrouvé dans les interrogations et le regard de Louise les mêmes questions que je me posais à son âge. Je crois qu’à 18 ans, je me serai identifiée à Louise pour une partie.
Mais d’un autre côté j’ai eu du mal à apprécier ce roman. En effet Désorientée offre un côté très pessimiste et sombre. J’ai trouvé le livre déprimant, inconfortable. Peut-être parce qu’il m’a replongée sans que j’en ai très envie dans cette époque où on ne sait plus trop pour quelle raison on choisit telles ou telles études ou pourquoi on travaille à l’école.
Je n’ai pas non plus aimé le personnage de Louise car je l’ai trouvé un peu trop pourrie-gâtée. Elle peut se permettre sa crise, son choix final et prendre le temps de…parce qu’elle est issue d’un milieu très favorisé. D’autres, si ce n’est la majorité, ne pourront pas avoir sa liberté.
Du côté du style, je l’ai trouvé un peu froid, détaché. Louise est déjà un personnage auquel je n’accrochais pas mais l’écriture à la troisième personne m’a encore plus détachée d’elle. Je n’ai pas trop compris non plus l’incursion de poèmes dans le texte, un effet de style qui m’a laissée septique et que je n’ai pas réussi à rattacher à une logique.