Age : 12-15 ans
Éditeur : Jungle
75 pages
Note :
Vera et ses amis ont l’habitude de jouer au « jeu des murmures », qui consiste à se dire une phrase dans l’oreille que chacune va répéter à l’autre pour qu’à la fin celle-ci ressorte mais souvent de manière déformée. Anna, une de leurs amies va un jour murmurer à l’oreille de Véra » ma mère me frappe » ; cela la laissera sans voix. Mais les murmures ont parfois besoin d’être dit tout haut pour être écoutés et c’est le chemin que fera Véra pour défendre Anna même s’il est parfois difficile d’être entendu.
Comme un murmure est une bande-dessinée sur le thème de la maltraitance intra-familiale. Un sujet lourd et complexe que la BD a tâché de rendre le plus accessible possible. L’histoire raconte comment, à l’occasion d’un banal jeu dans lequel chacun à tour de rôle doit transmettre une phrase murmurée à un voisin, Anna va confier à Véra, la narratrice, son lourd secret. Quatre petits mots ( « ma mère me frappe« ) qui vont bouleverser Véra et qui surtout vont la mettre dans une situation délicate. En effet, d’abord troublée et surprise, Véra va ensuite se demande si Anna a dit la vérité ( sa mère semble si sympa) et surtout comment elle doit agir.
Comme un murmure montre bien tous les doutes et toutes les interrogations qui peuvent traverser un adolescent confronté à une vérité difficile. Quand on est victime, trouver le courage de révéler qu’on est maltraité est dur mais pour celui qui recueille le témoignage, ce n’est pas toujours simple non plus, car on a peur des conséquences, ne sachant pas à qui confier ce secret. Surtout, comme la victime, on a peur qu’on ne nous croit pas. C’est cette expérience dans toute sa complexité que Véra va vivre avec le lecteur, partageant ses sentiments entre stupeur et doute. Peu à peu, par ses interrogations, son observation et quelques échanges avec ses amis et sa famille, Véra va comprendre et trouver comment réagir.
Le texte de Comme un murmure est efficace, de peu de mots. Une partie du récit se devine dans les silences, les regards et les scènes que le dessin de Sofie Louise Dam accompagne. Dépouillé, focalisé sur les traits du visage, le trait est doux malgré le sujet grave abordé. Il en va de même pour le choix des couleurs, une bichromie évolutive. Une absence de repères spatio-temporels et de détails des personnages et des lieux, comme pour souligner l’idée d’un sujet qui concerne tout le monde, au-delà des frontières du Danemark d’où nous vient Comme un murmure.