Age : 15 ans et+
Éditeur : Syros
450 pages
Note : 
Anne s’est toujours sentie comme une étrangère dans sa propre famille. Il y avait à la maison des photos de ses frères et sœur bébés, mais d’elle, non. À l’âge adulte, elle découvre qu’une femme s’est occupée d’elle durant sa petite enfance, loin de ses parents. Une femme dont on lui a caché l’existence. Sans presque aucun indice, Anne se lance alors dans une enquête vitale. Pour retrouver sa trace, et pour comprendre.
C’est au détour de la question anodine d’une lectrice ( « Pourquoi écrivez-vous, vraiment?« ) et alors que ses parents sont dans les derniers moments de leur vie, qu’Anne, une écrivaine, décide d’explorer une enfance qu’elle s’est longtemps évertuée à oublier. Au fil des souvenirs qui remontent à la surface, elle se rappelle la présence d’une femme qui l’a élevée et aimée, dans les deux premières années de sa vie, bien plus que ses propres parents, et dont on a cherché à masquer l’existence. Ce « Chemin à l’envers » est l’histoire de cette quête à rebours qui permettra aussi à Anne de se réconcilier avec son histoire familiale..
Le Chemin à l’envers est un roman bouleversant mais aussi très personnel. Il explique bien la souffrance des enfants mal aimés au sein de leur famille et on ressent pour Anne beaucoup de peine en voyant l’attitude de ses parents vis-à-vis d’elle ( un rejet surprenant, quasi incompréhensible, qui ne s’expliquera qu’au fil des révélations de l’histoire). L’histoire est construite comme une enquête. Anne a une cinquantaine d’années lorsqu’elle se lance dans la quête de son passé et cherche à comprendre les secrets enfouis par ses parents et leurs agissements à son égard. A travers un va-et-vient entre passé et présent, l’autrice Claire Mazard reconstitue l’histoire d’Anne mais aussi celle de sa mère Mariette et de son père Alban. Véritable enquête personnelle autant que roman introspectif, c’est à travers des souvenirs enfouis, des photos de famille, des rencontres et quelques indices glanés dans la maison de famille, qu’Anne plonge dans ce passé douloureux pour panser ses blessures intérieures qui impactent son présent.
Le Chemin à l’envers est écrit avec pudeur et j’ai été touchée par l’histoire d’Anne mais aussi celle de sa mère. Le père est beaucoup plus glaçant, son attitude faisant écho avec un autre roman que j’ai beaucoup aimé de Claire Mazard : Je te plumerai la tête. J’ai été sensible à ce passé difficile, à cette quête de vérité et aux découvertes d’Anne. Chaque famille à ses secrets, son histoire mais grandir dans certaines se révèle parfois plus compliqué que dans d’autres…
Seul petit bémol à cette lecture que j’ai beaucoup aimé c’est une interrogation sur son public cible. En effet, je ne sais pas si des adolescents seront sensibles à cette enquête familiale intense. Certes Le Chemin à l’envers peut se destiner à des jeunes adultes en devenir qui se sentiraient emprisonnés dans leur histoire familiale ou pas à leur place dans leur famille mais j’ai peur qu’ils ne soient pas d’emblée attirés par le résumé de ce livre qui pose, à travers ce retour sur l’enfance et l’adolescence d’Anne, des problématiques plus « adultes ». Pour être honnête, je ne sais pas si vers 15 ou 16 ans j’aurais été attirée par ce type de roman très introspectif. Je serai donc curieuse de tester ce livre auprès de lycéens car je ne sais pas du tout comment il pourrait réagir avec Le Chemin à l’envers. J’espère aussi que des adultes ne passeront pas à côté de ce roman, sous prétexte qu’il est publié chez un éditeur de romans pour ados ( même s’il y a bien longtemps que je ne fais plus cette distinction, elle persiste encore malheureusement chez de nombreux lecteurs – mais pas ceux de Lirado 😉 – …)