Ce que j’ai oublié de te dire de Joyce Carol Oates

Age : 15 ans et +
Éditeur : Albin Michel Wiz (2014)
350 pages

Note : 4 out of 5 stars

Peu avant la fin de leur première, Tink s’est suicidée, laissant ses amies sous le choc. Depuis, pour Mérissa, Nadia et les autres, la vie sans Tink semble plus difficile car c’est avec elle qu’elles partageaient leurs plus précieux secrets.
Pourquoi Tink est-elle morte et qui était-elle vraiment, cette fille pas comme les autres, si dure parfois, qui disait : « je veux bien être ton amie, mais ne compte jamais sur moi… »

Joyce Carol Oates est une auteur américaine à qui on doit de nombreux romans que se soit pour adolescents ou pour adultes. Très appréciée du grand public, reconnue pour ses textes, je dois cependant avouer que d’elle, je n’ai presque rien lu, si ce n’est son roman Sexy, en 2007, qui m’avait laissé un très bon souvenir (autant que ce roman avait été une véritable claque de par son sujet…).
Dans Ce que j’ai oublié de te dire, Joyce Carol Oates s’attaque de nouveau au roman psychologique sur l’adolescence. Son livre, divisé en trois parties nous présente trois personnages emblématiques.
Tout d’abord, il y a Mérissa, amie très proche de Tink, « fille parfaite » vue de l’extérieur mais en grande souffrance à l’intérieur. Son quotidien est marqué par les auto-mutilations depuis la mort de Tink et l’absence de son amie se fait chaque jour un peu plus ressentir. Elle est tout simplement une jeune fille brisée.
Puis il y a Tink elle même à qui Joyce Carol Oates consacre une partie complète pour essayer de comprendre cette fille si désinvolte, si difficile et si compliquée en amitié mais qui comptait beaucoup pour celles qui avaient le privilège de la connaître. Une adolescente très dure, marquée par l’existence et totalement désabusée.
Enfin, il y a Nadia. Nadia qui se sent rejetée par son père et est harcelée par des garçons. Elle est tombée amoureuse de M.Kessler, un professeur. Un amour intense qu’elle veut partager avec Tink en même temps qu’elle partage avec elle son mal être.
Troix voix, trois paroles qui se dévoilent au travers les mots et le style de Joyce Carol Oates. Le récit est difficile à lire, surtout au début car le personnage de Mérissa est en grande détresse, mais on s’accroche parce que Ce que j’ai oublié de te dire est vraiment un roman psychologique intriguant.
On pénètre dans l’intimité de ces trois filles et on découvre surtout à travers elles le personnage mystérieux qu’est Tink. Un personnage qui tout au long du roman conservera une part de mystère.
Joyce Carol Oates dans Ce que j’ai oublié de te dire a effectué un vrai travail sur l’analyse de la psychologie et des sentiments de ses héroïnes. Elle dépeint aussi la riche société américaine qui derrière ses richesses cache aussi ses travers : divorces, problèmes psychologiques, absences, incompréhensions entre parents et enfants, sentiments d’abandon … Un tableau finement dressé !
La seule petite chose qui m’a gênée c’est qu’à la fin de chaque partie, l’histoire reste en suspend. Il n’y a pas de réelle conclusion (sans doute parce que la vie continue sur le même chemin…) et pas non plus de cohésion entre les parties (par exemple des clins d’oeil entre la partie 1 et 3). Du coup on a parfois l’impression de lire trois histoires en parallèle, reliées par le mince fil qu’est Tink. J’aurais notamment bien aimé en savoir plus sur Mérissa et la suite de son histoire qui est pour moi la plus dure.
Mais Ce que j’ai oublié de te dire de Joyce Carol Oates est tout de même un très bon roman sur l’adolescence, abordant notamment avec brio les thèmes de l’isolement, du harcèlement, de la souffrance mais aussi de l’amitié.

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