Age : 12 – 15 ans
Editeur : Thierry Magnier ( 2009 )
380 pages
Note :
Sur l’île 365, le monde est bien réglé et protégé par la Mère Nourricière. Tout y est parfait et les gens doivent apprendre à composer avec cette harmonie pour devenir à leur tour parfait. Mais les parents d’Honor ne sont pas comme les autres et tout va de travers chez eux, à commencer par la naissance d’un petit frère ! La jeune fille qui n’aspire qu’à devenir comme les autres adolescents de son âge aimerait que sa famille devienne normale mais à force de se poser des questions, c’est sur le chemin de la rébellion qu’elle s’engage..
Renouer avec le roman d’anticipation grâce au livre De l’autre côté de l’île, fut un véritable plaisir. Happée par l’histoire dés les premières pages, j’ai dévoré ce livre en quelques jours malgré sa longueur. Divisé en quatre parties, elles-mêmes composées de petits chapitres, la lecture est aisée et l’histoire, sans cesse relancée, est captivante.
Si au premier abord De l’autre côté de l’île se présente comme un roman d’anticipation classique, il tient son originalité dans le personnage principal, c’est-à-dire Honor. En effet, avant que l’esprit de la rébellion se fasse en elle, la jeune fille aura longtemps aspiré à devenir comme tout le monde. Un phénomène vraiment peu courant dans ce genre de livre.
La fin laisse l’histoire en suspens mais le lecteur n’est pas déçu par celle-ci et Allegra Goodman propose un ensemble passionnant, riche et complet. Le monde qu’elle présente est effrayant mais on ne pourra pas s’empêcher de remarquer les allusions aux régimes totalitaires des années 1930-1940 : réécriture de l’Histoire, embrigadement, culte de la personnalité, destruction de livres…
De l’autre côté de l’île ne se concentre pas seulement sur la révolution contre cet univers trop lisse et trop contrôlé, mais bien plus sur la psychologie de l’héroïne confrontée au quotidien à deux visions différentes de ce monde et qui n’arrive pas à savoir qu’elle voie choisir. C’est là, la traduction de l’adolescence : recherche de soi, tentation des jeunes à vouloir être comme les autres, mais aussi volonté d’aller jusqu’au bout de leurs idées. Honor est donc coupée en deux et tiraillée entre le vouloir « rentrer dans le moule » de ce régime et la nécessité antinomique de vouloir le comprendre dans ses finalités.
Un excellent roman d’anticipation que certains assimilent déjà à Fahrenheit 451, 1984 ou Le meilleur des mondes…sans aller jusque là, on peut dire qu’il vaut la peine d’être lu et que les amateurs du genre ou ceux qui le sont un peu moins, ne seront pas déçus.