Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Oskar éditeur (2014)
160 pages
Note :
1975. Sonia, 14 ans vit de plein fouet la guerre froide à la maison. Son père est russe et sa mère est américaine. Sa tante Russe veut à tout prix faire d’elle une grande ballerine mais la jeune fille n’est pas sûre que devenir danseuse soit son véritable rêve. Elle aimerait découvrir qui elle est vraiment, faire ses propres choix et trouver sa place. Réussira-t-elle à tracer sa voie et à dire non à ceux qui veulent penser pour elle ?
Le point de départ de J’aimerais juste être une fille comme les autres surprend car avoir une mère américaine et un père russe au moment de la guerre froide n’est pas donné à tous. Pourtant aussi invraisemblable que cela puisse paraître, le récit s’inspire de la propre histoire d’une des deux auteurs : Vicky Grjebine. En effet, comme l’héroïne, Vicky Grjebine a une mère américaine, un père d’origine russe né à Berlin en 1922, ainsi que deux tantes danseuses et professeurs de danse, qui habitaient sur le même palier. Sa tante Irina, comme Nina dans le roman, l’a formé à la danse classique et de caractère… jusqu’à ce qu’un accident au genou change le cours de sa vie…
Le lecteur s’imprègne rapidement de la vie fabuleusement compliquée de Sonia. Il plonge dans l’ambiance parfois à couteaux tirés de la maison. Nina, la tante envahissante et qui veut faire de Sonia une grande ballerine est souvent la cause de ces tensions familiales que l’écriture transmet avec justesse.
Mais J’aimerais juste être une fille comme les autres ne se centre pas uniquement sur ce monde familial si particulier. En réalité, le roman est surtout l’histoire d’une jeune fille tiraillée entre son désir de faire plaisir à sa tante en devenant une grande danseuse, et ses propres aspirations. Le récit montre bien comment la jeune fille va petit à petit prendre conscience que cet avenir imaginé par sa tante, n’est pas vraiment le sien. Son histoire parlera sûrement aux adolescents qui ont l’impression que leurs parents ou d’autres membres de leur famille réalisent leurs rêves à travers eux.
Chapitre après chapitre Béatrice Guthart et Vicky Grjebine dévoile la véritable Sonia et cette dernière découvre sa véritable voie, sa véritable identité. Un des derniers chapitres, dans lequel la jeune fille fait son portrait chinois, est à ce titre, très frappant.
J’aimerais juste être une fille comme les autres est un roman facile d’accès et qui se lit de façon fluide. Le roman parlera surtout à des adolescentes puisque c’est la thématique de la danse qui a été retenue et explorée en profondeur. On y découvre ainsi un univers difficile et exigent. Et si la guerre froide se jouait finalement plus entre claquettes américaines et ballets russes ?
Le roman J’aimerais juste être une fille comme les autres séduira aussi par son ton humoristique et son héroïne attachante. Le lecteur pourra s’identifier facilement à l’adolescente. Mais si le personnage de Sonia ou celui de la tante Nina sont plutôt bien creusés, les autres personnages secondaires sont plus superficiels. On aurait aimé les découvrir un peu plus, voir plus en détail le regard que chacun porte sur la danse, la tante Nina…afin de mieux ressentir les tensions de la famille.
Malgré toutes ces qualités, je dois cependant reconnaître que l’histoire ne m’a pas toujours emballée. J’ai trouvé dans le récit quelques longueurs. N’étant pas très proche de l’univers de l’héroïne et pas vraiment fan de danse, je n’ai pas été emportée par l’histoire. Cela reste une histoire très sympathique et agréable à lire que je conseille donc de proposer surtout à des adolescents qui se construisent dans l’ombre de leurs parents ou à des ados intéressés par le monde de la danse.
Quant à la fin, elle m’a un peu déçue. Je l’ai trouvé inutile et un peu trop « cul-cul ». Je n’ai pas vu l’intérêt de celle-ci pour l’histoire et le message du roman.
En quelques mots :
Roman sympathique, bien construit, facile à lire et drôle, J’aimerais juste être une fille comme les autres de Béatrice Guthart et Vicky Grjebine, nous plonge dans une étonnante famille. La guerre froide se joue entre les membres de la famille et autour de la thématique de la danse. Sonia doit faire ses choix et trouver sa voie. Le roman aborde de façon juste le sujet de la difficile construction de son identité lorsqu’un membre veut à travers quelqu’un d’autre, vivre son rêve. Le ton est souvent humoristique et le récit décrit bien l’univers parfois impitoyable de la danse. Sonia est une héroïne attachante, dans laquelle on peut se retrouver. Cependant, le roman souffre de quelques longueurs et ne parlera pas à tous.