Age : 9 – 12 ans / 12 – 15 ans
Éditeur : Rageot
160 pages
Note :
Rudy, 11 ans et ses deux petites sœurs, Hissa et Lily, viennent d’arriver à SOS Villages d’Enfants, dans une maison où Claire, une « mère SOS », va les prendre en charge. Ils ont été placés par une juge pour enfants car leur mère ne parvenait plus à s’occuper d’eux. Mais Rudy, à la différence de ses sœurs, refuse de s’intégrer. Pour lui, Claire est une fausse mère et il ne pense qu’à une chose : fuir avec ses sœurs pour rejoindre sa vraie mère.
Le sujet n’est pas si souvent abordé en littérature jeunesse et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai eu envie de découvrir La Colère de Rudy. De plus, en tant que professeur-documentaliste, j’ai des élèves qui vivent la même chose que Rudy ( eux sont par contre en famille d’accueil et non dans un village SOS) et j’avais envie qu’ils puissent, au besoin, trouver dans les rayons du CDI, un roman qui parle de ce qu’ils vivent et ressentent. Avec Sophie Rigal-Goulard à l’écriture j’étais aussi sûre de ne pas trop me tromper car c’est une autrice dont j’apprécie la justesse des mots dans tous les livres que j’ai pu lire d’elle. La lecture de La Colère de Rudy m’a confirmée dans mon choix.
Très vite le décor est planté : une fratrie, retirée à une mère dépassée et un beau-père violent, s’installent au sein d’un village SOS. Les petites sœurs de Rudy se font rapidement à ce nouvel environnement sécurisant mais pour le garçon, c’est plus compliqué d’accepter la séparation et il n’aspire qu’à une chose : retourner vivre avec sa mère. Sur plusieurs mois on va le suivre et partager sa colère intérieure, sa détresse, son incompréhension et son refus d’aimer être au sein du village SOS ainsi que les membres de sa nouvelle maison. Peu à peu, pourtant, Rudy va comprendre que le village est une chance et que les éducateurs/éducatrices ne cherchent pas à remplacer sa mère, seulement à lui apporter un peu de sérénité.
La Colère de Rudy aborde un sujet sensible. Sophie Rigal-Goulard développe beaucoup autour des sentiments de Rudy et le ton est réaliste. Elle a, je pense, su saisir le ressenti de Rudy et de tous ces enfants obligés de quitter le domicile familial pour leur sécurité et en même temps tiraillés par l’envie de retrouver leurs parents. Une impression personnelle d’un roman aux émotions justes, que seuls les enfants confrontés à cette situation pourront confirmer. Pour les autres, qui ne vivent pas ce drame, ce sera l’occasion de comprendre ce que l’on peut ressentir quand on est un enfant placé.