Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Le Rouergue : doAdo Noir (2012)
110 pages
Note :
Marco est chez lui, peinant sur ses devoirs lorsqu’on frappe brutalement à la porte. Deux policiers. Ils lui annoncent que sa mère est morte. Sauf que… sa mère entre cinq minutes plus tard dans l’appartement. Marco apprend alors que son père a fait un mariage blanc avec une jeune roumaine, Anka, il y a dix ans. Sans savoir vraiment pourquoi, l’adolescent se lance alors sur les traces de cette femme oubliée.
Guillaume Guéraud, connu pour ses textes percutants comme Je mourrai pas gibier, Le Contour de toutes les peurs et Déroute sauvage, offre avec Anka un roman au thème sans doute plus traditionnel mais traité avec une plume pertinente et singulière.
Le roman aborde la vie d’une sans-papier ayant effectué un mariage blanc pour vivre en France. Anka décrit ainsi le quotidien d’une femme qui en dépit de cette nationalité achetée à prix d’or (5000 euros tout de même), qui la faisait tant rêver, va s’enfoncer dans la misère. Cette histoire, c’est celle que Marco va découvrir au fil des jours et dont la découverte va bouleverser le cours tranquille de son existence. Marqué, Marco l’est. Il n’arrive pas à se détacher de l’histoire d’Anka qui prend de plus en plus de place dans ses pensées : qui est-elle ? pourquoi est-elle morte ? pourquoi son père ne lui a rien dit ? autant de questions auxquels il tente de trouver une réponse.
Anka de Guillaume Guéraud est un roman fort, très satisfaisant. C’est une lecture peut-être plus « pédagogique » si j’ose dire, que ses précédents romans, par le thème traité, même si l’histoire est avant tout celle d’une rencontre et celle d’un adolescent un peu perdu dans le monde scolaire, qui s’accroche soudain à cette femme mystérieuse.
Anka c’est aussi un roman noir comme Guillaume Guéraud sait les écrire, où l’on refuse la réalité, l’injustice et la conformité. Marco veut aller plus loin que les conclusions hâtives des policiers, il veut fouiller le passer d’Anka et comprendre comment elle a pu se retrouver là, seule, à mourir sur un banc, de la tuberculose.
Comme pour Je mourrai pas gibier, la fin est brutale, inattendue et déroutante. Le roman s’achève en suspens comme l’existence d’Anka, brisée en cours de route.
Anka, un roman qui dérange, où la violence monte par crescendo pour une apothéose finale. Des bouts éparpillés de la vie d’Anka et les pensées de Marco s’entrechoquent dans ce roman où la réalité a un goût amer et l’illusion n’a pas sa place. Sans concession.