Age : 15 ans et +
Éditeur : Le Rouergue : doAdo Monde (2010)
210 pages
Note :
La guerre au Libéria a conduit Sam a se réfugier en Norvège où il s’est lié d’amitié avec le narrateur. Ceux-ci décident quelques années plus tard de partir en Côte d’Ivoire à la recherche de la mère de Sam. Mais le voyage n’a rien d’une promenade de santé avec la guerre civile qui fait rage dans le pays, la corruption et la châleur etouffante. Sam et le narrateur sont aidés dans leur périple africain par le Commandant, ancien « père » pour Sam dont on découvre au fur et à mesure le passé, lorsqu’il se faisait appeler Action Man…
Ivoire noir d’Arne Svingen est construit comme un road-movie, du début du livre lorsque les deux garçons sont dans l’avion vers la Côte d’Ivoire, à la scène finale dont on ne dira rien ici pour ménager le suspense. Le livre est un roman fort, où il sera surtout question de la difficulté de la vie en Afrique et des enfants soldats dont Sam faisait partie.
Ivoire noir c’est d’abord le regard décalé et en immersion de deux jeunes adolescents norvégiens qui décident de revenir sur les traces de l’un d’entre eux.
C’est aussi l’histoire d’une amitié forte et l’histoire d’une partie de l’Afrique.Arne Svingen ne fait pas dans le cliché, énonce juste une réalité cuisante et violente, que l’on occulte parfois, comme un refus de voir la vérité en face. Lui n’hésite pas, il nous la montre dans toute son horreur mais sans exagération. Le lecteur vit une rencontre forte avec l’Afrique, un pays où la vie vaut moins qu’un coca-cola comme le scande à plusieurs reprise le narrateur.En écho à ce roman, il y a le propre roman lu par le narrateur, Au cœur des ténèbres de Joseph Conrad qui raconte le voyage d’un jeune officier de marine marchande britannique qui remonte le cours d’un fleuve au cœur de l’Afrique noire.
Ivoire noir y répond donc, de façon plus moderne et dans un style poignant et sensible.La tension est constante au cœur de ce livre qui tient le lecteur en haleine, dont il se dégage une véritable émotion tout au long de la lecture. Le sujet est dur et sensible mais il est important de toujours réactiver ce phénomène d’actualité dans l’esprit des jeunes européens qui oublient parfois une réalité pourtant proche.
Pour Ivoire noir, Arne Svingen a reçu en 2005, au moment de sa parution en Norvège, le Brageprisen, un des meilleurs prix de littérature jeunesse norvégienne, et on le comprend très bien. L’écriture et l’histoire sont soignées et construites, laissant le lecteur le souffle court à la fin de ce roman sans concession.