Age : 15 ans et +
Éditeur: Thierry Magnier (2009)
230 pages
Note :
Tout semble aller pour le mieux dans la famille. En apparence. Le père est alcoolique, la mère fume comme un pompier et Jacek lui consomme occasionnellement de l’herbe. Mais la mort précipité du dernier membre de la famille, Michal, fait basculer ce quotidien déjà altéré en un véritable chaos au cœur duquel Jacek n’arrive plus à évoluer.
Héro, mon amour est un roman psychologique fort et sensible, autour du la mort. Construit d’abord à plusieurs voix, le récit évoque « l’avant » puis on cède la parole à Jacek dans une seconde partie, c’est « l’après ». Chaque chapitre est alors introduit par un subtile et magnifique haïku, reflet des sentiments de Jacek. C’est l’occasion de plonger plus finement encore dans l’univers mental de ce dernier. Marqué à jamais et déchiré, il se sent responsable de la mort de Michal, son jeune frère, à peine âgé de six ans.
Sa famille ne l’aide pas. Peu écouté auparavant, il est rejeté par ses parents, qui le culpabilise sans cesse, entraînant la destruction de leur second fils sans s’en rendre compte, plutôt que de l’extirper de la voie dans laquelle il s’est engagé.
Héro, mon amour se situe en Pologne, mais le thème qu’il aborde : les addictions qui peuvent détruire la vie non de ceux qui en abusent mais de ceux qui les subissent, est le reflet de toute la situation mondiale vis-à-vis de ces substances perçues comme un moyen de liberté et qui nous enferme en réalité en nous même.
Loin d’être un texte qui dénonce uniquement cette consommation, Héro, mon amour est une mise en scène subtile des légats, et ne fait aucun jugement : au lecteur de déduire ce qu’il faut lire entre les lignes.
Le roman est touchant et Jacek est un personnage attachant, autant que son jeune frère, dont la disparition provoque un sentiment de tristesse en nous. Un roman qui va droit dans le cœur, coup de poing sur les drogues. Même celles que l’ont croit les moins dangereuses peuvent tuer et c’est sans doute ça qu’il faut retenir de ce livre. Héro, mon amour rappelle que face à la difficulté de vivre, les drogues ne sont en aucun cas une ressource dans laquelle l’homme peut trouver refuge. A l’inverse elle lui enlève tout. Un très beau roman intimiste.