Age : 12-15 ans
Éditeur: Casterman (2013)
220 pages
Note :
Rentrée 1957. Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas annonce qu’il ouvrira, pour la première fois, ses portes à neuf jeunes lycéens noirs. Cette annonce, sème le trouble chez les habitants blancs de la ville et projette les neufs adolescents noirs au cœur d’un univers plus dur et raciste qu’ils ne l’imaginaient…
Sweet sixteen est le deuxième roman que je lis d’Annelise Heurtier après Carnet rouge. Comme dans ce dernier, l’auteur a fait le choix d’écrire un roman à deux voix. Ainsi, il y a d’un côté la parole de Grace, une jeune lycéenne blanche traversée par les idées racistes, ayant elle-même beaucoup de mal à comprendre pourquoi des noirs vont intégrer son prestigieux lycée. Tout au long du livre, sa vision évoluera…
De l’autre côté nous avons la parole de Molly, lycéenne noire confiante qui va entrer dans ce lycée de l’Arkansas en cette rentrée 1957. Jeune fille dynamique, épaulée par sa famille, studieuse, elle est heureuse de participer à ce projet même si elle va vite se faire rattraper par la réalité…
Deux chemins qui se construisent d’abord en parallèle avant de finir par se rejoindre. L’une apprendra que ce qui est noir n’est pas forcément synonyme de mal, l’autre découvrira la dureté des blancs à son égard.
Sweet sixteen est un roman qui aborde de front la ségrégation aux Etats-Unis dans les années 50-60, alors que Rosa Parks et Martin Luther King émergent dans la lutte pour l’égalité entre les blancs et les noirs. C’est le début d’un long parcours qui amènera plus tard à la victoire triomphante de Barack Obama à la Maison Blanche, en 2008. Beaucoup de chemin parcouru depuis 1957, alors qu’à l’époque on s’offusquait que des noirs puissent se mêler aux blancs pour suivre des cours et pour beaucoup d’autres choses…
Les propos tenus dans Sweet sixteen feront plus d’une fois froid dans le dos du lecteur et la situation en choquera sans doute plus d’un mais Annelise Heurtier n’écrit au final que sur une réalité qu’il nous faut accepter : on ne change pas le passé et le racisme a longtemps été bien plus virulent qu’il ne l’est aujourd’hui (bien que celui-ci soit malheureusement encore d’une grande actualité.).
J’ai aimé ce regard croisé sur les événements, qui ne sont évidemment pas perçus de la même façon entre Grace et Molly mais j’ai aussi aimé la note d’espoir qu’Annelise Heurtier donne dans son roman avec une Grace dont les pensées et le regard sur les noirs, et notamment Molly, évolue beaucoup au fil des chapitres. Sweet sixteen est vraiment un roman très intéressant pour aborder la question du racisme dans ces années là et pour lancer une piste de réflexion sur le racisme aujourd’hui. C’est un texte fort et choc qui ne peut pas laisser le lecteur de marbre et l’invitera à réagir.
A noter que cette histoire est inspirée de faits réels. Le lycée Little Rock dans l’Arkansas a bien accueilli neuf adolescents noirs en 1957. Neuf adolescents qui ont passé une année très difficile parmi les 2500 blancs de l’établissement : harcelés, rejetés, humiliés…ils vécurent une année d’une violence inouïe. Le personnage de Molly s’inspire de Melba Pattilo, une des neufs lycéens noirs.