Depuis quelques temps, le roman d’horreur est redevenu à la mode dans la littérature jeunesse, et en particulier dans les romans young-adult. Un temps discret, on le voit ainsi revenir au goût du jour après le succès de certains films ou séries comme Walking Dead, 28 jours plus tard, World War Z, ...
Vampires, loups-garous et maintenant zombies ou aliens, sont les créatures centrales de ces nouvelles histoires qui vous promettent des cauchemars…Mais les auteurs savent aussi créer des ambiances glaçantes où l’horreur ne vient pas des créatures, mais des endroits effrayants dans lesquels les héros se retrouvent… Petit aperçu et historique du roman d’horreur…
Définition du roman d’horreur.
Le roman d’horreur peut se définir comme l’exploitation sous forme de récits de nos peurs. Ce genre littéraire met ainsi souvent en scène des phénomènes surnaturels dans des lieux étranges, obscurs, mystérieux et inquiétants. Le roman d’horreur est par ailleurs entouré d’un « bestiaire » propre, avec des créatures menaçantes comme les vampires, les fantômes, les sorciers, les loups-garous, les aliens ou les zombies. Le roman d’horreur cherche à susciter l’angoisse et l’effroi du lecteur.
La naissance du roman d’horreur.
Les premières histoires d’horreur sont nées dans les contes pour enfants tels qu’Hansel et Gretel ou Le Petit Poucet. En effet, malgré leur trame édulcorée pour convenir à un public enfantin, ils revêtent un aspect terrifiant avec des personnages comme la sorcière ou l’ogre.
Néanmoins, on considère que le roman d’horreur est lié à l’émergence au 18ème siècle, des romans gothiques, en Angleterre. Ces derniers ont pour sujet de prédilection le satanisme et le surnaturel. Le Château d’Otrante, écrit en 1764 par Horace Walpole, est considéré comme l’œuvre fondatrice du roman gothique. Il sera suivit plus tard, en 1794, par l’auteur Ann Radcliffe, avec son roman Mystères du château d’Udolphe, mettant en scène des jeunes filles sensibles et persécutées qui évoluent dans un univers effrayant où des portes secrètes s’ouvrent sur des visions d’épouvantes.
Après eux, ce sont les romans Frankenstein de Marie Shelley (1818) et Dracula de Bram Stocker (1897) qui ont le plus marqué les esprits dans l’histoire de la littérature d’épouvante, contribuant à en faire un genre à part aux Etats-Unis : L’Horror fiction.
En France, le roman d’horreur est considéré comme un sous-genre du fantastique. Le mélange entre horreur et fantastique a souvent été, et est encore, confus aujourd’hui.
A partir du début du 20ème siècle, des auteurs comme Maurice Level, en France ou H.P Lovecraft, aux Etats-Unis, apportent aux romans d’horreur une nouvelle dimension, en se rapprochant du genre de la science-fiction. En effet, leurs monstres ont souvent une origine extra-terrestre, ce que l’on retrouve encore dans les romans et films actuels.
Après un moment de flottement, le roman d’horreur revient sur le devant de la scène dans les années 1970 avec des auteurs qui publient des romans terrifiants, tous adaptés pour le cinéma : Rosemary’s baby d’Ira Levin, L’Exorciste de William Peter Blatty, L’Autre de Tom Tryon, Entretien avec un vampire d’Anne Rice.
Mais c’est bien sûr à Stephen King, aujourd’hui maître incontesté du roman d’horreur moderne, que l’on doit les romans d’horreur les plus marquants tels que Carrie, Misery, The Shining ou Le Fléau.
Depuis le succès de ces auteurs, les éditeurs américains ou français publient de nombreux romans d’horreur, dans des collections spécialisées (Gore chez Fleuve Noir puis Vaugirard, Trash…) ou dans leurs collections dédiées au fantastique.
La littérature jeunesse et le roman d’horreur
Si les premiers récits d’horreur peuvent être assimilés à certains contes pour enfants des frères Grimm ou Charles Perrault, la littérature jeunesse et le roman d’horreur forment une histoire récente.
L’impact de R.L Stine
Les premiers romans jeunesse à revendiquer clairement leur appartenance au genre de l’horreur sont écrits entre 1992 et 1997 par R.L Stine, un auteur américain qui s’est fait connaître grâce à sa collection Chair de poule, publiée en France chez Bayard jeunesse. Les Chair de poule vont ravir des millions de jeunes lecteurs à travers le monde en quête de sensations et de frissons. Chaque nouveau roman est attendu avec impatience et une génération entière de lecteurs de Chair de poule va ainsi se former. L’auteur écrira près d’une soixantaine de romans Chair de poule et est considéré comme le Stephen King de la littérature jeunesse.
R.L Stine a aussi publié d’autres romans d’horreur, dans d’autres collections moins connues que Chair de Poule : Aux portes du cauchemar, Malédictions, Peur bleue…
La nouvelle vague après 10 ans d’absence.
Si Harry Potter met en scène des sorciers et si Twilight parle des vampires, ces romans ne sont pas considérés comme des romans d’horreur malgré les personnages qu’ils mettent en scène. En effet, dans les années 2000-2010, le roman d’horreur est mis de côté en littérature jeunesse et young-adult, au profit du fantastique pur.
C’est par le cinéma que les romans d’horreur reviendront au goût du jour chez les jeunes avec la sortie de films comme 28 jours plus tard, Saw, Rec, World War Z, ….
Une série télévisée, Walking Dead, gros succès chez les jeunes adultes et en bandes-dessinées, jouera aussi un rôle majeur dans la réapparition de ce genre littéraire.
Les auteurs de littérature jeunesse, se lancent alors depuis deux-trois ans dans cette vague qui vient court-circuiter le succès des dystopies, et n’hésitent pas à proposer des textes variés et pour tous les âges afin de faire frissonner les lecteurs dés leur plus jeune âge…
Petit panorama des romans d’horreur jeunesse actuels.
La continuité de R.L Stine
Avec des romans qui se rapprochent beaucoup de l’ambiance des Chair de Poule, Arthur Ténor, auteur connu et reconnu de la littérature jeunesse, est l’un des rares à ne jamais avoir laissé le genre de côté. On lui doit par exemple en 2004 le roman Le Livre dont vous êtes la victime. L’histoire met en scène un adolescent, Alex, qui se retrouve en possession d’un livre dont il est le héros et qui lui demande de réaliser des épreuves de plus en plus dangereuses. Jusqu’au premier meurtre, dont Alex est témoin…
Arthur Ténor continuera dans cette lancée avec la suite Le Livre dont vous êtes encore la victime, puis la création en 2013 d’une collection Roman d’horreur chez les éditions Scrinéo jeunesse.
Autre auteur incontournable de la littérature jeunesse, Gudule, s’est elle aussi intéressé aux romans d’horreur à destination des adolescents avec des romans comme L’école qui n’existait pas, Ne vous disputez jamais avec un spectre, La Maison cannibale…
Voila pour les auteurs français. Mais aux Etats-Unis, un autre auteur a su aussi faire frissonner ses lecteurs : Antony Horowitz, avec notamment ses Histoires Sanglantes et ses Nouvelles Histoires sanglantes…
Le roman d’horreur version young-adult
Les jeunes de 15 ans et + sont friands d’histoires d’horreur qu’ils couplent avec le visionnage de films d’horreur. A ce titre, bandes-dessinées et mangas attirent leur attention. On peut une fois de plus citer The Walking Dead, mais aussi des mangas comme King’s Game, Battle Royale ou Deadman Wonderland.
Certains de ces mangas, comme King’s Game et Battle Royale sont d’ailleurs issus de romans.
Une autre série, assez discrète encore en France, mais qui marche bien et compte déjà d’une dizaine de titres de l’autre côté de l’atlantique : La Fournaise d’Alexander Gordon Smith. L’auteur imagine une prison terrifiante où les détenus, des adolescents, sont gardés par des Panteleurs, créatures horribles apparemment issues d’une expérience scientifique…Le héros, Alex, ne pense évidemment qu’à s’enfuir mais chaque tentative se solde par des conditions de vie plus terribles et horribles encore…
Le mélange de la dystopie et de l’horreur
Si la dystopie est à son apogée en ce moment dans la littérature young-adult, certains auteurs cherchent à renouveler le genre en apportant à leurs récits une dimension horrible. C’est ainsi que Hunger Games, largement inspiré dans son premier tome du roman Battle Royale, semble parfois plus proche du roman d’horreur avec la mise en scène de ce terrible jeu de la mort, que de la dystopie.
Dans la même logique, Le Labyrinthe de James Dahner, exploite l’image d’un labyrinthe étrange et menaçant, peuplé de créatures monstrueuses (les griffeurs), comme terrain de sa dystopie en trois volumes : L’Epreuve.
On retrouvera dans le même esprit, la trilogie dystopique Enclave qui raconte le monde terrifiant et souterrain dans lequel vit Trèfle.
Le grand retour du roman de zombies
La vague Walking Dead y est sûrement pour quelque chose mais quoi qu’il en soit, le roman d’horreur est aujourd’hui souvent assimilé à l’apparition de zombies dans le quotidien bien tranquille des personnages de ces nouvelles histoires. Un vaisseau qui apparaît au milieu de nulle part, un virus qui s’échappe et voila une partie de la population qui se transforme en morts-vivants et vient traquer la chair fraîche des ultimes survivants.
En France, le « phénomène zombie » en littérature jeunesse a commencé avec la parution d’un roman d’Amélie Sarn : Les Proies, en 2012. Aujourd’hui, en 2014, plusieurs autres titres se sont ajoutés à cette mode du zombie qui n’en ai qu’à ses débuts : Métro Z de Fabien Clavel ou Les Contaminés d’Yves-Marie Clément, en sont le parfait exemple.
Très récemment enfin, un roman comme In the After, premier tome d’un diptyque ( suivra In the End), mettait en scène l’arrivée d’un vaisseau extra-terrestre à bord duquel des créatures horribles sortent, se déplacent et ont le même comportement qu’un zombie. Ils ne tardent pas à décimer une partie de la population mondiale, tandis que les survivants sont condamnés à vivre cachés…
Fin du monde humain et zombies font un mélange étonnant et surprenant dans In The After, d’autant plus que le roman prend aussi les allures d’une dystopie.
Les auteurs ne manquent donc pas d’imagination pour nous faire frissonner !
Les chroniques de livres d’horreur sur Lirado :
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