Gingo de Sarah Cohen-Scali

Age : 15 ans et +
Éditeur : Gulf Stream éditeur (2018)
360 pages

Note : 5 out of 5 stars

Un mur sépare la Cité Bleue de la Cité Blanche. Jade vit du côté bleu, là où le travail manque, où la vie est rude. Là où ses ancêtres ont un jour décidé de se déconnecter. Son quotidien est soumis aux lois imposées par la Cité Blanche, un monde riche et ultra-connecté.
Jade rêve d’avoir un enfant mais ce droit lui est refusé. Elle n’a alors plus qu’une seule possibilité : l’adoption. Les Adoptés ne sont pas des enfants comme les autres. Ils sont difficiles à élever,
à aimer. Ils servent avant tout d’objets d’étude pour les scientifiques de la Cité Blanche. C’est dans ce contexte que Jade accueille Gingo au sein de sa famille, d’abord avec répugnance puis ensuite avec amour. Un amour qui pourrait bien tout changer…

Gingo est un roman d’anticipation glaçant dés les premiers chapitres. Au début de l’histoire, le lecteur fait connaissance avec Jade et découvre comment notre société a évolué. Rapidement nous comprenons que deux cités s’opposent : la Cité Bleue, déconnectée et pauvre, et la Cité Blanche, riche et technologiquement très avancée. Le roman n’aura de cesse de raconter l’opposition entre ces deux mondes mais aussi (et surtout) leur confrontation, à travers l’histoire de Jade.

Jade est une jeune femme issue de la Cité Bleue. Elle rêve de devenir mère mais n’a que peu de chance de voir son rêve se réaliser. Elle cherche d’abord l’appui d’une famille de la Cité Blanche dans laquelle elle est baby-sitter, avant de se résoudre à adopter Gingo, un enfant dont personne ne veut, comme tous les Adoptés. Gingo, cet enfant qui donne le titre au roman, est moche, sourd et très difficile à élever. Malgré tout, Jade, tout comme le lecteur, s’y attache.

Ce n’est pas tant l’histoire de Gingo et Jade, même si j’avais envie de les suivre, c’est surtout l’univers imaginé par Sarah Cohen-Scali qui m’a fascinée. En effet, les rebondissements de l’histoire de Jade ( son désir d’avoir un enfant, sa vie de baby-sitter puis sa manière d’élever Gingo ) servent surtout de prétexte à un va-et-vient permanent entre la Cité Bleue et la Cité Blanche.

Sarah Cohen-Scali laisse libre court à son imagination et nous dépeint un futur angoissant mais aussi très crédible. Pour cela, pas de mystère, elle s’est basée sur les technologies et découvertes scientifiques actuelles, les a amplifiées et assombries. Elle nous plonge d’un côté dans Smartcity, une cité aliénée, incapable de vivre dans l’incertitude et assujettie aux algorithmes d’Intelligences Artificielles qui ne veulent, a priori, que « notre bien ». Mais de l’autre côté du mur, la cité Bleue n’est pas plus utopiste. En effet, ses habitants sont déconsidérés et complètement soumis aux lois de la Cité Blanche. Dès lors, quelque soit le côté où l’on se trouve, la lecture de chacun des chapitres nous fait froid dans le dos.

C’est donc pour le portrait de ce monde futuriste que la lecture de Gingo se révèle captivante et intrigante. Ce monde soumis aux règles des IA, nous rappelle à quel point nous ne devons pas nous diriger vers ce futur là et qu’il incombe de faire dès aujourd’hui les bons choix. Un texte sombre qui se conclue d’ailleurs sur une fin surprenante et bien mystérieuse

En quelques mots :

Gingo est un roman glaçant voire angoissant. L’histoire met en scène deux cités que tout oppose : la Cité blanche, puissante, riche et technologiquement avancée, qui soumet à la Cité Bleue, ses lois. Le lecteur suit le parcours d’une jeune femme issue de la Cité Bleue, Jade, et de son enfant adopté, Gingo.
Sarah Cohen-Scali, à travers les rebondissement de son roman, met en scène une histoire très sombre et met en garde contre les dérives des avancées technologiques et scientifiques actuelles, qui s’il on y prend pas garde, pourrait nous conduire vers un avenir aussi aliénant que celui mis en scène dans Gingo. Un thème certes pas nouveau mais raconté avec efficacité et précision !

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