Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Syros (2016)
290 pages
Note :
Orfée et Irdiss tombent fous amoureux l’un de l’autre pendant l’année la plus importante de leur vie, celle de la Sélection. Comme tous les citoyens d’Europolis, ils rêvent d’intégrer l’Enclave. Ce paradis sous dôme accueille les esprits les plus brillants pour trouver des remèdes à la surpollution et à la misère qui touchent la société entière. Mais le jour de la Sélection, Irdiss échoue au grand test d’admission, alors qu’Orfée réussit haut la main.
Histoire d’un amour impossible sur fond d’univers dystopique, voila le schéma de Les Amants du génome et voila qui aurait pu sembler vu et revu. Mais Johan Heliot a parfaitement su mettre à sa sauce ces deux topoï et écrire une histoire qu’on pourrait voir comme une réécriture futuriste du mythe grec Orphée et Eurydice. Les prénoms des deux héros en sont le plus flagrant clin d’oeil !
Le roman Les Amants du génome est construit de manière originale et intelligente puisque l’histoire s’étend sur plusieurs décennies et est racontée des deux points de vue. Le couple formé par Orfée et Irdiss, de même que leur personnalité et parcours respectif, évoluent ainsi sous les yeux du lecteur à travers le temps, d’une façon incroyablement crédible.
Si leur histoire est marquée par la séparation, cela les rend plus combattif que jamais. En effet, contre toute attente, Irdiss a échoué à la Sélection et n’a pu entrer dans l’Enclave, au contraire d’Orfée, au moment même où leur amour débutait. Dés lors, Orfée n’aura de cesse de vouloir faire venir Irdiss dans l’Enclave, alors même que le rêve utopique vire au cauchemar par des séries de mesures de plus en plus dures qui pourraient les séparer à tout jamais …
Le destin bien différent d’Orfée et Irdiss permet à Johan Heliot de montrer la vie de chaque côté de la barrière que forme l’Enclave. Si l’existence d’Orfée est paradisiaque, celle d’Irdiss est de plus en plus misérable et difficile.
Les Amants du génome est un roman riche et captivant. L’univers futuriste est réaliste et on s’imagine sans peine cette société vers laquelle certaines recherches actuelles voudraient nous conduire. L’histoire d’amour entre Orfée et Irdiss est forte et touchante dont l’évolution au fil des ans sonne juste. Johan Heliot ne fait pas dans le mélodrame malgré les circonstances et les épreuves vécues par ses deux héros. Je me suis très vite attachée à l’un comme à l’autre.
Autour d’eux, des personnages secondaires gravitent qui ne sont pas non plus des êtres de cartons comme la mystérieuse Yaelle qui causera bien des remous dans l’amour d’Orfée et Irdiss.
Cette histoire est captivante et elle se lit très vite car on se demande quel choix, parfois inattendus, Johan Heliot va faire. Rien n’est convenu et jusqu’au bout il y a des rebondissements. Car si les thèmes sont banals, l’auteur a su se les approprier et les transformer.
J’admire aussi la prouesse d’avoir su faire tenir une histoire aussi complète et efficace, en un seul volume, pas trop long qui nous raconte le destin de deux héros de leur adolescence à leur vieillesse.
En quelques mots
Une histoire d’amour futuriste dans un univers dystopique qui se lit comme une réécriture lointaine du mythe grec Orphée et Eurydice. Nos deux héros s’aiment mais très vite ils seront condamnés à ne pas vivre ensemble car l’un a réussi la Sélection et l’autre non. Le temps passe, on voit comment, année après année, chacun évolue et comment ils essayent d’échapper à l’irrémédiable séparation. C’est émouvant et touchant.
A l’histoire d’amour se conjugue une ambiance de lutte où ceux de l’Enclave doivent faire face à la colère de ceux qui n’y habitent pas.
Les Amants du génome propose en moins de 300 pages une histoire complète, ambitieuse et efficace, à la construction originale et intelligente. Les destins des deux amoureux se croisent sans cesse de leur adolescence à leur vieillesse, permettant à Johan Heliot de montrer l’évolution de son univers au fil des années sous un regard de plus en plus cauchemardesque.
Un roman aux thèmes banals que l’auteur à su s’approprier et transformer de façon singulière.