Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Gulf Stream (2015)
56 pages
Note :
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Marie se sent invisible. Partout. Au collège comme à la maison, dans sa famille recomposée, elle n’arrive pas à trouver sa place. Complexée, elle manque surtout de confiance en elle. Lorsque Soan, un garçon qu’elle aime, la remarque enfin, l’espoir renaît, sur le fil…
Quatrième et dernier tome de la série « Collège » signée Charlotte Bousquet ( pour le texte ) et Stéphanie Rubini ( pour les illustrations), Invisible aborde les derniers maux d’ados : les complexes de l’apparence et le manque de confiance en soi. Le malaise et la solitude de Marie, « héroïne » de cette bande-dessinée se manifestent pas le sentiment de ne pas exister dans le regard des autres. En retrait, timide, cachée sous sa frange et ses longs cheveux, Marie se terre dans son coin et observe les autres s’amuser, flirter, parler ensemble, sans elle. A l’école, à la maison, elle est seule, enfermée dans sa bulle. Un univers gris, sans saveur, ni couleur, à l’image de la couverture d’Invisible. Son seul confident, un journal intime dans lequel elle livre ses sentiments et ses tourments d’adolescente sur le fil.
Invisible c’est donc un nouveau portrait juste et terrible, peut-être plus encore que les autres tomes de la série. Marie n’a cesse de se juger, de se comparer, de se dévaloriser face aux autres. Trop grosse, trop solitaire, trop insignifiante, pas assez belle, populaire ou joyeuse. Le jugement est rude, à l’image de ces ados mal dans leur peau qui ont perdu confiance en eux. Un portrait de ces jeunes discrets qui n’ont rien pourtant pas rien à dire, mais aussi un témoignage pour tous ces jeunes silencieux et invisibles qu’on ne remarquent pas et qui parfois, s’effacent totalement…
Charlotte Bousquet construit une histoire qui joue avec le lecteur, entre espoir et renoncement. Lorsque Soan remarque enfin Marie, une lumière apparaît dans ce quotidien bien terne. Ainsi Marie va se battre pour ne pas disparaître mais à l’inverse, renaître. On la voit changer, faire des efforts. Reste que la réalité est parfois cruelle, rappelant sans cesse : Est-ce suffisant ?
Charlotte Bousquet réserve ainsi à son histoire des surprises, à l’image de la vie réelle, qui ne devient pas rose en un claquement de doigt, comme dans les films américains. En effet, le regard et le jugement des autres se révèlent parfois difficile à affronter et trop lourd…
La lecture d’Invisible achevée, on ne peut que se rappeler le sentiment brutal suscité par la fin, et en même temps saluer ce courage narratif, en suspension. Invisible est le tome le plus sombre de la série de par cette conclusion où chacun méditera et y verra un verre à moitié vide, ou a moitié plein…
De son côté, Stéphanie Rubini continue de donner vie aux personnages familiers de cette classe de collège, dans son style désormais familier. C’est autant pour l’histoire que pour les dessins, que les lecteurs se laissent séduire par la bande-dessinée et souhaitent découvrir le parcours de ces héros.
En conclusion, on retrouve dans Invisible le réalisme percutant qui caractérise les tomes précédents et a su convaincre les adolescents qui n’aspirent pas qu’à des histoires roses et joyeuses, mais cherchent aussi dans leurs héros, des personnages confrontés à des problèmes qu’ils partagent. Homosexualité, Harcèlement, Relation frère-soeur et enfin manque de confiance en soi, autant de douleurs adolescentes traitées avec succès, entre gravité et délicatesse.
En quelques mots :
Après Rouge Tagada et Mots rumeurs, mots cutter, et Bulles & Blues, Charlotte Bousquet et Stéphanie Rubini proposent leur dernier portrait d’adolescente au sein d’une même classe. Dans Invisible, c’est Marie qui se dévoile. Mal dans sa peau, complexée, solitaire, elle regarde les autres vivre sans parvenir à s’insérer dans un groupe. La jeune fille manque de confiance en elle et c’est la thématique qui traverse Invisible. Charlotte Bousquet a fait le choix de pousser l’histoire dans ses retranchements, faisant de la bande-dessinée, la plus sombre de la série.
Le réalisme percutant et la justesse de ce nouveau portrait apporte une conclusion réussie à la petite collection de ces chroniques intéressantes et mimétiques pour bons nombres d’adolescents.