Age : 15 ans et +
Éditeur : Milan jeunesse : Macadam (2015)
290 pages
Note :
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Lara, 15 ans, est le bouc émissaire de son lycée. Les insultes, le harcèlement, les mauvaises blagues, voici son quotidien. Son seul confident ? un journal intime. Mais le jour où Lara découvre son nouveau professeur d’anglais, Ben Jagger, son enfer au lycée devient plus supportable. Amoureuse, elle ne rêve que de passer avec lui du temps et espère, que leur amour sera réciproque…
Je mentirais si je ne disais pas que j’ai commencé cette lecture avec des doutes. En effet, la quatrième de couverture de Le Prof, moi et les autres orientait très clairement le roman vers une histoire d’amour entre un prof et son élève, or j’étais un peu dubitative. Comment Rachel McIntyre allait-elle pouvoir faire évoluer cette histoire en restant réaliste ? C’est avec cette question que j’ai donc commencé ma lecture de Le prof, moi et les autres et je suis allée de surprise en surprise.
Ma première surprise a été de découvrir que Rachel McIntyre dans Le prof, moi et les autres, place la question du harcèlement scolaire au centre de son roman. Lara est une élève qui subit au quotidien des insultes et des coups bas de la part de ses camarades. Sa vie est clairement un enfer et certains passages ne peuvent que susciter de l’animosité envers les autres élèves lorsqu’on voit ce qu’ils lui font subir. Pour ne rien arranger, l’ambiance familiale est également complexe, avec un père au chômage et une mère femme de ménage chez la pire ennemie de Lara… La jeune fille est assez désemparée et une bonne partie de son journal intime (forme adopté pour ce roman) est consacré à relater les brimades dont elle est la victime. Le Prof, moi et les autres porte ainsi un excellent regard sur le harcèlement et ses conséquences psychologiques sur ceux qui en sont les victimes.
Deuxième surprise, l’histoire d’amour entre Ben Juggler ( le prof ) et Lara se tisse très lentement. Même si le résumé de l’éditeur confirme qu’ils finiront bien ensemble ( ce qui est peut-être regrettable d’ailleurs de l’avoir indiqué…mais c’est un autre sujet), Rachel McIntyre détaille bien toutes les étapes de cette rencontre et de cet amour. Entre deux comptes-rendus de son harcèlement, Lara raconte ainsi à son journal intime ses moments passés avec son prof et le réconfort qu’il lui apporte au fil des jours. Conscients de l’illégalité de la relation, l’un et l’autre joueront avec le feu…
Moi qui craignais que Rachel McIntyre propose une histoire d’amour pas du tout crédible, j’ai été assez étonnée et finalement convaincue. S’il peut arriver que des élèves fantasment sur un prof, la réciproque est certes rare mais a déjà existé…Le tout est amené selon moi avec justesse et j’ai réussi à y croire alors même que j’étais plutôt dubitative au départ.
Troisième surprise, la fin. Elle change totalement le regard qu’on a pu porter sur cette relation entre Ben et Lara, mais aussi sur le roman en lui même. Lara dans Le Prof, moi et les autres, est un personnage qui évolue énormément et prend de l’assurance. La fin est l’expression même de la maturité qu’elle acquiert au cours de cette année scolaire particulière. Au travers une ultime confession elle déroule et décrypte son histoire d’amour, portant un regard lucide et intéressant sur les événements, confirmant que ce roman n’est pas une lubie ou un fantasme d’auteur.
En quelques mots :
Quand j’ai découvert le résumé de Le Prof, moi et les autres, j’étais un peu dubitative. Clairement, une histoire d’amour entre un prof et une élève, certes ça a déjà existé mais c’est assez rare. J’avais un peu peur de ce que j’allais lire et surtout de tomber dans la mièvrerie. En réalité, cette lecture m’a conduite de surprise en surprise. La première fut de découvrir la grande place accordée au harcèlement scolaire et à ses conséquences psychologiques dans cette histoire. Lara est une victime quotidienne et dans une grande partie de son journal intime elle raconte ses brimades quotidiennes. L’autre part importante de son journal est consacré à raconter petit à petit l’histoire d’amour qu’elle va construire avec son prof d’anglais, Ben Jagger. Rachel McIntyre construit cette histoire progressivement et l’ensemble est bien plus crédible que je ne le pensais.
Mais c’est surtout la fin qui donne à Le Prof, moi et les autres, toute sa valeur ajoutée. Le regard qu’offre Lara sur toute cette histoire est à ce stade intéressant et mature, concluant avec justesse le roman et prouvant que l’auteur n’a pas voulu écrire une histoire d’amour entre un prof et une élève juste pour son bon plaisir.