Age : 15 ans et +
Éditeur : Robert Laffont (2012)
440 pages
Note :
Depuis quelques temps, Kaleb est en proie à des excès de fureur. Après plusieurs bagarres, il se découvre empathe, c’est-à-dire capable de se connecter à vos émotions et les manipuler. Séducteur mais dangereux, Kaleb est traqué par SENTINEL, une organisation qui traque toutes les personnes comme lui…
Quand ce phénomène de la littérature young adult est sorti, comme tout le monde, je crois, je n’ai pas échappé aux échos enthousiastes sur le premier tome de cette trilogie loin d’être comme les autres. Je m’étais promise qu’un jour je la lirai et c’est finalement la conférence Des Blogs pour en parler du Salon du livre jeunesse de Montreuil qui m’en donne, en cette année 2014, l’occasion.
Le paquet envoyé par Robert Laffont a lui même vécu une aventure rocambolesque qui mériterait qu’on raconte son incroyable parcours ( en résumé, un colis parti le 30 octobre et arrivé le 20 novembre après avoir été perdu et retrouvé par miracle au prix de multiples appels au service en charge du paquet…), mais j’ai pu, à temps, dévorer le premier tome de Kaleb. Je dis dévoré parce que malgré un emploi du temps très serré, j’ai lu ce premier livre avec frénésie, tout à fait prise par cet étrange roman qui n’a pas peur de mettre en scène le mal.
Myra Eljundir a fait ce que d’autres auteurs de la littérature young adult n’avaient pas osé faire : écrire sur un personnage qui était dans le BIEN et qui va petit à petit tomber dans le MAL. Renversant n’est-ce pas ?
Aussi cette première « saison » de Kaleb raconte comme ce jeune homme de 19 ans va se découvrir empathe et petit à petit utiliser son nouveau don pour manipuler son entourage. S’il regrette parfois ses actes, s’il doute, s’il a peur de son don, Kaleb va de fil en aiguille se transformer et pencher de plus en plus du côté obscur…
Pour le lecteur, cette situation est très déstabilisante car tous les personnages de Kaleb, et pas seulement le héros, sont très ambigus. D’un côté on s’attache à eux, et en particulier à Kaleb, car c’est dans nos habitudes de lecteur de se sentir proche du héros et des personnages de prime abord positifs qui gravitent autour. Mais d’un autre côté, les personnages ont une part d’obscurité tellement grandissante que cela nous perturbe. A la fin du roman, on se trouve face à une question que je n’aurais jamais cru me poser un jour dans un livre pour adolescents : Qui est bon ? Qui est méchant ? La réponse est confuse et ne laisse qu’une possibilité, il faudra chercher une réponse dans la suite, sans être sûre de la trouver…
De ce fait, on comprend mieux pourquoi Robert Laffont met en garde les lecteurs avec cette note en quatrième de couverture : « Déconseillé aux âmes sensibles et aux moins de 15 ans ». La lecture de Kaleb est en effet éprouvante pour le lecteur et certains passages sont très violents, décrits avec une précision quasi filmique par Myra Eljundir.
Le roman m’épate et je comprends aujourd’hui pourquoi cette trilogie a suscité autant de réactions à sa sortie.
Si les remarques enthousiastes n’ont pas beaucoup d’effet sur mes choix de lecture (de même que les remarques négatives), je dois admettre qu’aujourd’hui je partage cet enthousiasme et reste bluffée. Myra Eljundir m’a convaincue très rapidement alors que je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec Kaleb. Je sors estomaqué de ce roman fort et avide déjà de retrouver, de façon un peu malsaine, Kaleb…mais aussi le colonel et son assistante…
En quelques mots :
Roman young adult singulier, ce premier tome de la trilogie Kaleb met en scène l’histoire d’un jeune homme de 19 ans qui va petit à petit se laisser gagner par le MAL. Séduit par cette personnalité troublante et fascinante, le lecteur plonge dans un roman très sombre, aux scènes parfois très violentes.
Le récit est passionnant et exerce sur nous une certaine fascination malsaine. Ultra psychologique, Kaleb décrit avec justesse la peur, la manipulation, la séduction et la dangerosité.
Roman coup de poing, Myra Eljundir m’a totalement bluffée avec ce roman aussi surprenant que réussi…Saisissante, cette lecture restera gravée dans mon esprit.