Firmin, autobiographie d’un grignoteur de livres de Sam Savage

Age :  15 ans et +
Éditeur : Actes Sud : Babel (2009)
200 pages

Note : 4 out of 5 stars

1961. Firmin est un rat mais pas un rat banal : il lit des livres. Né dans une librairie de Boston, dernier de treize frères et soeurs, il commence par mâcher des feuilles de livres avant de les lire. Au fur et à mesure qu’il apprivoise le monde humain et littéraire, il fait la connaissance du gérant de la librairie : Norman Shine. Ses journées se partagent entre lecture, reflexion et cinéma. Un jour, il fait la connaissance d’un écrivain raté et marginal, Jerry.

Voila un livre dont je ne connais pas d’équivalent. Le rat a certes déjà intéressé les écrivains comme E.B White avec son Stuart Little, mais on n’avait jusqu’ici pas fait de lui le narrateur d’une histoire complète, et encore moins d’une histoire se prétendant être une autobiographie.
Firmin c’est l’incarnation de ce qu’on accole souvent à ceux qui passent beaucoup de temps à lire : le rat de bibliothèque (encore qu’ici il s’agisse d’une librairie d’occasions). Lire cette autobiographie d’un grignoteur de livre se révèle être une lecture surprenante et très amusante, du moins au début, parce qu’ensuite le roman prend un ton plus nostalgique et aussi plus terrifiant.
En effet, en parrallèle de la naissance et vie de Firmin, le lecteur assiste à la mise à mort d’un quartier Scollay Square de Boston et plus particulièrement de la librairie d’occasions de Norman Shine, qui a existé comme nous informe l’auteur à la fin du livre. Pour Firmin, on est un peu moins sûr, mais on a envie d’y croire.
Firmin c’est un rat vraiment à part, déjà parce qu’il lit mais aussi parce que contrairement à tous les autres membres de sa famille, lui est mou et paresseux, se contentant depuis toujours des restes. Il réagit parfois comme un humain, notamment lorsqu’il se rend au Rialto, pour voir des films pornographiques à minuit et contempler avec envie celles qu’il surnomme « les Mignonnes »! Se décrivant comme atteint de « biblioboulimie » il se lance dans l’entreprise d’écrire son autobiographie après avoir longtemps espéré être le nouveau James Joyce. Il admire aussi Fred Aster et Ginger Rogers, se prenant parfois pour le premier, fantasmant d’autres fois sur la seconde…
Firmin, autobiographie d’un grignoteur de livres de Sam Savage est l’unique livre de cet auteur mais on peut dire qu’il n’a pas raté son entrée dans le monde des écrivains. Il propose un récit humoristique qui va au delà de l’histoire d’un rat banal, montrant aussi la réalité du monde humain, notamment avec ce portrait remplit de mélancolie sur la destruction de Scollay Square. Le texte possède quelques illustrations (trop rares à mon goût mais sans doute parce qu’on s’adresse à des adultes avant tout) signées Fernando Krahn et que je trouve vraiment belles, donnant à Firmin un aspect encore plus sympathique et attachant.
Firmin est dans l’ensemble assez passionnant, l’histoire sans être remplit de péripéties est assez captivante et surtout Sam Savage a bien dosé sa composition. La première partie du roman se centre sur la relation de Firmin et Norman Shine puis la seconde partie s’intéresse à la relation entre Firmin et Jerry. Ces deux relations sont vraiment très différentes et souvent dans la deuxième partie du roman on a l’impression que Firmin est presqu’humain. A regret, on ferme le roman.

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