Age : 12 – 15 ans
Éditeur : Plusieurs éditeurs possibles (1643)
Note :
L’empereur Auguste a jadis fait exécuter Toranius, le père de la jeune Emilie qu’il considère désormais comme sa fille. Emilie, amoureuse de Cinna, lui demande de sauver son honneur en tuant Auguste, sans quoi elle ne l’épousera pas. Cinna, aidé par son ami Maxime organise alors un grand complot contre l’empereur afin de l’assassiner…
Cinna de Pierre Corneille est la première pièce de théâtre de Corneille qui respecte les trois grandes caractéristiques et règles du théâtre classique tragique : unité de lieu, unité de temps et unité d’action. Composée d’Alexandrins en rimes plates, Cinna de Corneille se situe au cœur de l’histoire antique, sous le règne d’Auguste (entre 27 avant J-C et 19 après J-C) et exploite le caractère de cet empereur au début de son pouvoir, pour mettre en scène une conspiration qui aurait pu avoir lieu. Cinna, sous-titrée également La Clémence d’Auguste, est l’occasion pour Corneille de donner une explication possible du changement de ton adopté par Auguste durant son règne. Il est passé de la violence à un pouvoir plus respectueux et juste.
Mais Cinna n’est pas seulement une pièce historique, elle est aussi un miroir de la situation politique dans laquelle elle fut écrite. En effet, les conspirations se multipliaient autour des ministres du roi Louis XIII.
Cinna s’achève de façon heureuse, comme beaucoup de pièces tragiques de Corneille, invitant le roi et Richelieu à suivre l’exemple d’Auguste.
Le théâtre de Corneille est caractérisé par la mise en scène d’un héros, qui place la vertu au dessus de tout et dont l’élan glorieux le conduit à faire des choix. Le dilemme entraîne de nombreuses interrogations mais c’est toujours le devoir qui est préféré à l’amour, considéré comme une dépendance dangereuse. Pour retrouver la liberté, il faut donc le sacrifier et c’est exactement ce que fait Cinna dans cette pièce. Il renie celle qu’il aime, Emilie, pour servir celui qu’il croit être devenu juste, Auguste. Il place ses idéaux au dessus de tout.
La pièce de Corneille porte le titre de Cinna met il n’est pas, on l’a vu avec le sous-titre, le seul héros. En effet Auguste accomplit autant d’actes héroïques que Cinna en décidant de sauver tout le monde.
La pièce en elle même est assez prenante, malgré quelques passages un peu ennuyeux. Les personnages sont peu nombreux, l’intrigue très resserrée et on a surtout plaisir à plonger dans l’ambiance de l’histoire romaine antique.
Cinna est emblématique du nouveau théâtre tragique de Corneille après que celui-ci se soit illustré dans tous les genres et tous les styles. Cette pièce est plus respectueuse des règles classiques donc aussi plus conventionnelle par rapport au Cid, par exemple. Il peut être d’ailleurs utiles de mettre en parallèle ces deux pièces.