Age : 15 ans et +
Éditeur : Robert Laffont ( 2019 )
610 pages
Note :
L’espèce humaine disparaîtra dans 255 heures.
Les pires prédictions climatiques se sont réalisées, le Grand Effondrement a eu lieu et presque toutes les espèces animales se sont éteintes. Les Derniers Humains se sont réfugiés dans les Dernières Terres : un archipel rocailleux surgi des glaces, où ils survivent dans des cités-royaumes éparses. Accaparés par la lutte pour les maigres ressources, ils ignorent que l’ultime cataclysme est sur le point de balayer ce qu’il reste de l’espèce Homo sapiens.
Née dans les bas-fonds de Viridienne, la cité-royaume pourrissante envahie d’algues, Astréa rêvait de se consacrer tout entière au culte de Terra. Mais sa foi vacille le jour où son frère est accusé de sacrilège et condamné à mort.
Élevé derrière les remparts du castel, le prince Océrian était né pour régner. Mais un mystérieux accident lui arrache sa jambe et son honneur, l’écartant à jamais de la ligne de succession.
Le destin va jeter ces assoiffés de justice l’un contre l’autre, embrasant leurs coeurs avant de consumer le monde.
Victor Dixen est un auteur que j’apprécie depuis que je l’ai découvert avec Animale. Mais c’est surtout avec ses romans de la série Phobos ainsi que Cogito, que je l’ai placé dans cette liste des auteurs dont je lis chaque nouvelle publication. Extincta, sorti fin 2019, n’a donc pas échappé à la règle et j’ai même eu le plaisir de l’obtenir dédicacé lors du Salon du livre de Montreuil. Il est resté un peu dans ma PAL, avant que je ne m’y plonge.
Ce qui m’a le plus séduite dans Extincta, c’est l’univers imaginé par Dixen. J’ai aimé découvrir sa vision de notre monde à venir, ce futur qui ne connaît plus le monde animal, vit dans des terres désolées, âpres et voit l’humanité s’achever. Il ne reste aux hommes que 255 heures et c’est ce compte à rebours que Dixen va égrener tandis que le lecteur suivra le destin de deux personnalités issues de milieux très différents. D’un côté, il y a Astrea, une jeune fille qui vit dans la partie la plus misérable du reste de la Terre et est une « suante ». Elle passe ses journées à ramasser des algues, presque unique moyen de subsistance pour l’homme. D’un autre côté, il y a Océarian, un apex, cette classe de sang royale aux cheveux violets. Devenu infirme enfant, il est cependant la risée de son peuple.
Par une succession d’événements, Astrea et Océarian vont croiser leur destiné mais leur histoire impossible sera très loin de ressembler à un conte de fées et connaîtra de nombreux soubresauts et trahisons…
Victor Dixen explique avoir passé dix années à concevoir Extincta. Le projet n’est en effet pas évident pour celui qui veut offrir aux lecteurs un texte le plus abouti possible et un univers crédible et complexe. Extincta relève le défi. Il y a une véritable maturité dans le monde futuriste et terrifiant qu’il invente : paysage, organisation du royaume, hiérarchie des castes, religion,… toute une civilisation a été imaginée, pensée, affinée et Victor Dixen s’est largement surpassé. J’ai notamment ma préférence pour l’idée du nom associé à un animal disparu ainsi que du tatouage qui l’accompagne et que chacun arbore.
Fasciné par cet univers, le lecteur est sans cesse amené à vouloir le découvrir et à en comprendre les rouages. Le message que l’histoire porte est aussi très clair : l’humanité est menacée par le désastre écologique et c’est à la jeunesse actuelle que semble incomber plus ou moins malgré elle, cette immense défi. Un roman dans l’air du temps, que Victor Dixen a voulu placer en miroir de Cogito, comme une duologie qui ne porte pas son nom. En effet, comme il l’expliquait au Salon de Montreuil, écologie et intelligence artificielle sont pour lui les deux grands défis de l’homme pour les prochaines décennies…et on ne saurait le contredire.
Dixen a le sens de la narration. Il offre un roman plus contemplatif et moins actif que Phobos ou Cogito ( peut-être plus proche du style d’Animale) sans rogner sur le suspense. J’ai senti néanmoins quelques longueurs dans le récit même si j’avais envie d’accompagner Astréa et Océarian. Ma lecture a été ainsi plus hachée qu’habituellement et elle s’est étalée sur presque trois semaines ( ce qui est très rare chez moi ) mais après avoir pris le temps du recul ( j’ai achevé ma lecture il y a deux mois), j’en garde encore un souvenir fort, intense et très précis, ce qui me fait dire qu’Extincta fait partie de cette catégorie des livres marquants, qu’on n’oublient pas aisément. Une fois de plus je peux dire que j’attends le prochain Dixen avec impatience !